Dernier jour des festivités pour ma part, j'esperai ne pas rencontrer un nouveau cas Kenny Brown.
Tellement anxieux, je suis arrivé 20 minutes en retard. Grossière erreur car elle me fit manquer les trois quarts du set d'un Révérend dont personne ne put me dire le nom. Invité surprise et joyeuse pochette mystère, l'homme de foi s'accompagne à l'orgue et balance des psaumes comme il en manque terriblement dans nos églises.
Nos lieux de culte étant déserts, la salle est pratiquement vide.
Ca ne déstabilise pas le performeur chantant ses "Satan Hates Me" avec une sacrée ferveur. Sa voix est monstrueuse, genre Joe Cocker mais avec des couilles grosses comme des noix de coco.
L'homme part trop vite, mais cela me suffit pour me redonner confiance dans les prochains concerts.
Ca n'aurait pas été nécessaire de toutes ces manières car Langhorne Slim gagne la palme du concert parfait haut la main.
Jeune fleuron de l'anti-folk new yorkais, c'est avec charme que ce groupe au look de bohème urbaine nous offre ses chansons mi country, mi folk avec une attitude plutôt rock and roll.
Je ne peux pas expliquer pourquoi mais ce concert fut un véritable pied. Sûrement grâce à la bonne humeur du groupe, le véritable plaisir avec lequel ils ont joué.
Le tout est si communicatif que le public blague avec les musiciens, l'encourage vraiment. Quand aux filles, elles sont sous le charme...
Il faut dire que certaines chansons s'approchent carrément de la nostalgie présente dans le Dylan du début, avec sont petit air de coucou tombé du nid.
C'est donc avec la plus grande des spontanéités que le batteur viendra discuter avec le public immédiatement après le concert. "On c'est vraiment beaucoup amusé", "Pour notre première date en France ce fut incroyable". Je suis bien d'accord avec lui.
C'est ce dont on a besoin, un groupe croyant en sa musique, la partageant sans détour. Si j'ai un conseil, courrez les voir en concert, ils sont manifiques !
Puis c'est au tour des Power Solo.
Véritable groupe garage, dans la trempe du Blues Explosion. De gros Riff bien efficace, aussi bien surf rock que hispanisant. On entre avec eux dans un univers délirant.
Le chanteur fait subir à sa voix certaine modification numérique lui donnant à la fois les intonations d'un bébé ou d'un moteur de moto. Il y a une vrai jubilation sur les morceaux quasi punk, un pogo se profilait même à l'horizon.
Mais le public n'a pas osé (j'ai bien cherché un mec dans qui foncer mais bon...).
Ce groupe était la raison pour laquelle était venu la plupart des personnes dans la salle. Pour ma part je reste un peu plus mitigé.
Bien sûr la véritable attitude d'un groupe de rock était présent, mais peut être parce qu'il n'y avait pas de véritable prise de risque, pas de mise en danger, que le public était trop vite conquis... je ne sais pas trop.
Reste que ce fut un concert agréable, et qui plus est a fait danser les filles... truc que j'adore.
Puis nous avons été condamnés par un homme seul sur scène; le légendaire Tigerman.
L'homme orchestre n'a rien a voir avec Remi Bricka. Avant tout, c'est le plus sexy du festival, autant pour sa musique que pour ce qu'il dégage.
Rappelons que ce tigre avait eu la présence d'esprit d'apparaître allongé à côté d'une femme nue sur la pochette de son premier album.
Donc ici, c'est la fureur qui se dégage, une musique qui vient vous attraper pas les tripes, vous sortir de vos retranchements et vous exposer à toute la haine de cet homme... son spleen urbain.
L'urgence électrique des vrais grands, à la limite de Led Zepelin. sa musique pourrait s'apparenter à celle de Peaches en réussi.
C'est réussi car écouter Tigerman c'est écouter un homme fou, un peu paumé, qui est en rage contre ce qui l'entoure. Puis il a cette manière de déverser sa haine: avec retenue.
La distanciation, recette de la réussite. Quand on se planque derrière des lunettes Aviateur c'est que l'on a vu trop de choses et que l'on veut les dire. C'est bien son cas. Superbe concert, fougueux et tantrique. Oui sexuel car ce garçon c'est un Chris Isaak vicieux, avec une ambiance hypnotique qui peut vous faire faire n'importe quoi. C'est un vrai de vrai.
Et le tout s'acheva sur les très légers White Hassle.
De la pop fleurie pour midinette en pleine explosion d'hormones. Moins directe comme on le chuchote dans les rangs.
Pourtant le charisme du chanteur guitariste était incroyable: le genou à terre, le coté dandy punk.
Il y eut bien deux morceaux intenses, mais le reste était trop mielleux, un peu plan plan. En fait le tout devenait vite chiant.
Oui c'est cela, on attendait que ça vienne, que ça explose, mais le groupe en paraissait incapable, ou ne l'avait même pas envisagé. Tant pis, dommage pour eux...
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