Si on se souvient avec beaucoup de plaisir de la série discographique Resound Beethoven de Martin Haselböck et l’Orchester Wiener Akademie, la collection Resound que le label Aparté lui dédie avec ce premier coffret Musica Imperialis est également à saluer. Resound parce que l’organiste et chef d’orchestre s'applique, avec énormément de talent, à enregistrer les œuvres dans les lieux où elles ont été créées. Un souci de véracité (instruments d’époque, recherches organologiques ou musicologiques...) qui n’a rien de simplement anecdotique et n’est strictement jamais détaché d’un sens musical profond.
Pour ce coffret qui se concentre sur la musique impériale autrichienne et la dynastie des Habsbourg, c’est Haselböck lui-même qui a sélectionné ces enregistrements datant entre 1989 à 1999. On retrouve donc des œuvres de Johann Georg Albrechtsberger (1736-1809), Heinrich Ignaz Biber (1644-1704), Johann Joseph Fux (1660-1741), Ferdinand III (1608-1657), l'empereur Joseph I (1678-1711), Léopold I (1640-1705), Johann Caspar Kerll (1627-1693), Jiri Ignac Linek (1725-1791), Michael Haydn (1737-1806), Giovanni Battista Martini (1706-1784), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Alessandro Poglietti, Nicola Antonio Porpora (1686-1768), Antonio Salieri (1750-1825), Johann Heinrich Schmelzer (1623-1680) et Pavel Josef Vejvanovsky (1633-1693).
Naturellement tout ici n’est que virtuosité, richesse musicale, explosions de dynamiques, de nuances. Mais ce coffret a un intérêt supplémentaire, on y trouve des compositeurs de la cour (où la fonction culturelle lui est comme consubstantielle) mais également les œuvres des empereurs musiciens qu’étaient Ferdinand III, Leopold I et Joseph I.
Bien que remontant vraisemblablement au XVe siècle, c’est avec Ferdinand III qui appréciait plus les arts que la guerre (où il enchaîna les défaites : nous lui devons l’Alsace) que va commencer une lignée d’empereurs mécènes et mélomanes : interprètes et compositeurs (Léopold I, "fondateur de la puissance autrichienne" consacrait une très grande partie de son temps libre à la composition) faisant rayonner une cour foisonnante sur toute l’Europe, favorisant les échanges avec l’Italie, l’Allemagne, la France ou l’Espagne contribuant à une effervescence musicale.
Un beau coffret donc qui permettra de se replonger dans les interprétations (et peut-être plus particulièrement celles de Johann Joseph Fux (Il fonte della Salute et la Missa Corporis Christi), Johann Kaspar Kerll (les œuvres pour orgue)) d’Haselböck et la Wiener Akademie... |