A ceux qui n’entendent rien à la musique sérielle, aux réfractaires à l’atonalité, à ceux pour qui la musique contemporaine c’est comme la peinture moderne : du grand n’importe quoi élitiste, à ceux justement pour qui la musique contemporaine s’est arrêtée aux musiques répétitives.
Pawel Mykietyn jeune (il est né en 1971) compositeur de musique absolue et musique pour le théâtre ou de film polonais, a toujours été très discret sur ses méthodes de composition. Ce que nous pouvons dire, c’est qu’il est forcément marqué par la musique contemporaine polonaise de Górecki , Penderecki , Lutoslawski ou Szymanski , mais dont il s’est totalement émancipé (voire rejeté) mais également par le rock, les Beatles , Jimi Hendrix ou Massive Attack .
Il y a beaucoup de Philip Glass (et par translation Eno ) aussi, dans la façon d’envisager la fonction mélodique (les lignes mélodiques), les harmonies, les timbres (jusque dans les gammes ascendantes et descendantes, les riffs des cuivres, dans le son des cloches dans le Concerto n°2 for violoncello and symphony Orchestra ). Il est toujours à la recherche d’une sorte de cohérence interne à la musique. Une musique qui est donc conceptuelle avec une structuration sur la base de certaines cellules harmoniques ou rythmiques.
"J'aime ce que dit Tom Johnson : il ne crée pas vraiment de musique - il la trouve, en établissant d'abord les règles qui portent leurs fruits plus tard sous la forme d'une composition. Je ne serai peut-être pas assez strict pour baser chaque pièce sur un motif ; cependant, le but final est la beauté et un message – de sorte que la musique affecte l'auditeur, déclenchant une réaction émotionnelle et provoquant une impression intellectuelle" comme expliquait le compositeur.
Le résultat est une musique qui est autant postmoderne, néo-tonale, microtonale que dodécaphonique. Une musique influencée profondément par les mathématiques : "Perhaps I just realised relatively early in my life what benefits a theoretical or even combinatory-mathematical way of composing can bring. It allows you to form structures which you wouldn’t be able to imagine or improvise. A certain way of writing music that allows you to obtain sounds – I don’t like all those words like "structure", etc. – allows you to achieve results which you wouldn’t be able to achieve in any other way". Il y a également dans son écriture un soin apporté à l’harmonie, aux mélodies et une façon de modeler l’espace-temps (le penser comme une courbe et non une simple ligne).
Voilà tout ce que l’on retrouve dans le Concerto n°2 for violoncello and symphony Orchestra composé en 2018 et dans son Hommage à Oskar Dawicki datant de 2014.
Le superbe Concerto n°2 for violoncello and symphony Orchestra avance avec intensité comme sur la bande de Möbius . C’est une œuvre, difficilement classable stylistiquement, de grand format, comme une longue pièce, les 3 mouvements étant joués attaca.
Peut-on imaginer que comme l’artiste Oskar Dawicki (né en 1971 à Varsovie) unissant une certaine poésie avec une dimension critique de l'art conceptuel, une réflexion sur la place et l’identité de l'artiste contemporain, Pawel Mykietyn ait voulu interroger la place des musiques contemporaines dans son Hommage à Oskar Dawicki ?
Un disque, un compositeur à découvrir absolument !
VIDEO