Vous ne le saviez peut-être pas mais E.T.A. Hoffmann n’était pas seulement un écrivain, un dessinateur et juriste prussien, il était également chanteur, pianiste, organiste, violoniste, harpiste, critique, chef d’orchestre et compositeur, prêtant aux lettres et à la musique une égale importance.

A son corpus plusieurs opéras (Le chanoine de Milan, Julius Sabinus, mais surtout Ondine sur un livret de La Motte-Fouqué en 1814...), quelques œuvres lyriques, des sonates pour piano, un trio avec piano, un quintette avec harpe et une symphonie. C’est cette symphonie composée en 1806 que l’on retrouve dans ce disque, interprétée par l’Orchestre de Caen sous la direction de Nicolas Simon.

E.T.A. Hoffmann vouait une passion à Mozart (jusqu’à changer de prénom et se faire appeler Ernst Theodor Amadeus...) et cela s’entend clairement (ah ces accords d’introduction ne vous rappellent rien ?) dans cette symphonie ancrée dans la période classique (Mozart donc mais également Haydn) mais où le romantisme n’est jamais très loin (dans les proportions, dans l’utilisation des vents, les tourments), pas si éloignée que cela du Sturm und Drang.

Excellente idée d’associer à cette symphonie des extraits du ballet Les créatures de Prométhée de Beethoven. L’admiration d’Hoffmann pour Beethoven est connue (son essai "La musique instrumentale de Beethoven" publié en 1813 dans lequel on retrouve une critique de la 5ème symphonie). Et comme l’explique Maud Pouradier dans Les théoriciens de l’art (2017) : "Si Hoffmann rejette une esthétique musicale du sentiment, ses thèses ne peuvent pas être assimilées à celles de Hanslick. La nature de la musique est bien expressive, mais le divin est son objet plutôt que la passion. L’écoute de la musique est un véritable "culte religieux"."