"Germaine Tailleferre est une délicieuse musicienne. Sa musique a l’immense mérite d’être sans prétention, cela à cause d’une sincérité des plus attachantes. C’est vraiment de la musique de jeune fille, au sens le plus exquis de ce mot, d’une fraîcheur telle qu’on peut dire que c’est de la musique qui sent bon !" Darius Milhaud.
Peut-être que le plus bel hommage que l’on puisse rendre à cette musique est d’oublier le sexe de son auteur et de se concentrer sur leurs qualités. Alors oui dans ce disque les femmes dansent et composent, et de fort belle manière. Et oui il faut absolument réhabiliter, parler de ces femmes compositrices injustement oubliées.
Sous les doigts d’Axia Marinescu, pianiste française née en 1987 à Bucarest, les notes de Marie, Pauline, Elisabteh, Sophie, Germaine, Cécile, Louise, Mel. Soit : Marie Jaëll (1846-1925) : Valses mélancoliques n° 1, n° 2, n° 4 et n° 5, Valses mignonnes n° 1, n° 2 et n° 3, Pauline Viardot (1821-1910) : Mazurka et Gavotte, Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) : Gigue n° 2, Sarabande, Rigaudon, Rigaudon n° 2, Sophie Lacaze (1963-) : Tarantella, Germaine Tailleferre (1892-1983) : Larghetto, Valse lente, Sicilienne, Cécile Chaminade (1857-1944) : Mazurk’ suédoise, Danse créole, Air de ballet, Valse d’automne, Louise Farrenc (1804-1875) : Valse brillante et Mel Bonis (1858-1937) : Danse sacrée, Bourrée, Los gitanos (grande valse espagnole).
Le jeu délicat et souple, sensible aux subtilités mélodiques de Marinescu convient à cette musique dansante forcément, mais également pleine d’esprit, brillante. Une musique loin d’un anecdotisme de salon. Si l’on connaît surtout Marie Jaëll pour ses qualités de pianiste virtuose et pour sa méthode de piano où le lien sensoriel avec l’instrument, le développement de la conscience et le travail mental tient toute sa place, imprégnée par sa double culture franco-allemande (elle est née en Alsace), sa musique est tiraillée entre Brahms et Saint-Saëns.
Rajoutons qu’en 1887, elle est l'une des toutes premières femmes admises à la Société des Compositeurs de Musique de Paris. Autre pianiste virtuose, mais également pédagogue et éditrice (avec son mari le flutiste et compositeur Aristide Farrenc), Louise Farrenc avait un style très élégant, raffiné, influencé par Schubert, Hummel et Beethoven et du caractère.
Du caractère, Élisabeth Jacquet de la Guerre ne devait sûrement pas en manquer pour pouvoir s’imposer à son époque (elle est née en 1665 et morte en 1729) comme une claveciniste virtuose, une compositrice respectée mariant style français et italien. Ce sont les mélodies qui guident l’écriture dans une ligne entre postromantisme et impressionnisme voire orientaliste chez Mel Bonis.
Membre du groupe des six avec Francis Poulenc, Louis Durey, Georges Auric, Arthur Honegger et Darius Milhaud, Germaine Tailleferre libre et indépendante aura dû braver les interdits (son père, ses maris) pour s’épanouir dans la composition avec une écriture dans une veine plutôt néo-classique.
C’est la clarté, une certaine élégance qui pourrait déterminer Cécile Chaminade le "petit Mozart" de Georges Bizet. Compositrice contemporaine, Sophie Lacaze semble vouloir tendre vers une certaine simplicité et on peut dire que le monde sonore est au centre de sa musique.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.