Réalisé par Anne-Laure Daffis et Léo Marchand. France. Animation. 1h30 (Sortie 2 février 2022). Parmi les films d'animation, il y en a tous les ans un ou deux qui ne peuvent pas se ranger dans les cases traditionnelles. Souvent ils sont le fruit du long travail d'artisans qui n'ont pas envie de se battre à armes inégales avec Walt Disney ou Hayao Miyazaki.
La France recèle de ces talents singuliers depuis Paul Grimault et Jean-François Laguionie. Récemment les ont rejoint Sylvain Chomet et Michel Ocelot.
On ne risque rien d'écrire que "Les voisins des voisins sont mes voisins" d'Anne-Laure Dauffis et Léo Marchand appartient à cette catégorie, riche en pépites drôles et poétiques.
Pas forcément conçu pour les plus petits, mais sans exclure ceux-ci, ce premier film réjouira les lecteurs de Georges Perec et de Raymond Queneau, les amoureux du cinéma de Jacques Demy et de Federico Fellini, les amateurs des bandes dessinées surréalisantes de Fred et de dialogues de Jacques Prévert.
Cette histoire, où l'on croise des ogres bien plus gentils qu'il n'y paraît, des magiciens italophones et maladroits, des petits enfants et des vieux monsieurs, des randonneurs dans un ascenseur et un chien qui s'appelle Picasso, sans compter une princesse dans son ultime virée parisienne, donne envie de ressortir du dictionnaire le mot "loufoque".
Utilisant plus d'une technique, Anne-Laure Daffis et Léo Marchand n'ont pas lésiné sur leur temps et leur énergie pour fabriquer un produit gai et coloré, riche en épisodes farfelus.
Ils ont particulièrement travaillé la bande-son du film en choisissant les acteurs idéaux pour post-synchroniser les personnages. Qui d'autres que François Morel pouvait composer un bon ogre à la sauce normande ?
Avec son titre plein de voisins, "Les voisins de mes voisins sont mes voisins" d'Anne-Laure Daffis et Léo Marchand est pour eux deux une belle entrée dans la cour des grands de l'animation à la française. On les sait déjà sur leur prochain projet, "Les fleurs bleues", d'après le roman de Raymond Queneau.
Nul doute qu'ils y perfectionneront le style qu'ils ont créé ici et qu'ils y poursuivront une œuvre originale placée sous le signe de l'absolue liberté de dessiner et de penser. |