Voilà un ouvrage que j’ai eu la chance de recevoir par surprise traitant d’un sujet que je connais mal. Un ouvrage venant de la plume érudite d’un historien, auteur de plusieurs ouvrages qui font autorité, un certain Sylvain Gouguenheim, médiéviste reconnu, professeur à l’ENS de Lyon.
C’est un ouvrage consacré aux derniers païens, aux Baltes face aux chrétiens entre le 13ème et le 18ème siècle qu’il nous propose. Les habitants de l’espace balte actuel avaient quitté depuis longtemps le stade de la prédation lorsque les européens de l’Ouest, les Scandinaves ou les Rus’ les rencontrèrent, du 9ème au 13ème siècle.
Ils travaillaient la terre, commerçaient avec leurs voisins slaves et scandinaves, utilisaient le bronze et le fer, tant pour des armes que des objets d’art, enterraient ou incinéraient leurs morts et entretenaient un panthéon de dieu foisonnant. Bien qu’ils aient été dépourvus d’écriture, leur histoire, fascinante et méconnue, se laisse appréhender grâce aux récits de conquérants et aux résultats de l’archéologie. C’est à la reconstituer que s’emploie Sylvain Gouguenheim.
L’ouvrage est construit autour de trois parties : la première concernant le Nouveau Monde, la deuxième traitant de la christianisation et de l’acculturation et la troisième intitulée La fin des dieux. Pour ce faire, l’auteur ouvre la réflexion par les mythes et les images qui entourent les habitants et les lieux de cet espace "barbare", ce que l’on croit savoir sur ces peuples baltes, au travers de sujets âprement débattus depuis des décennies entre archéologues, historiens, linguistes et préhistoriens. Cette première partie est accompagnée de cartes de la Livonie, de la Prusse et de la Lituanie qui permettent de mieux appréhender l’espace étudié.
La deuxième partie, christianisation et acculturation revient dans un premier temps sur le terme d’acculturation, parfois affecté d’un sens péjoratif. Il nous montre ici un processus multiple avec plusieurs niveaux d’acculturation. L’ouvrage se poursuit sur la formation de l’identité des peuples, une identité qui se transforme, ethnique et culturelle qui repose sur des piliers comme la langue, l’écrit, la religion évidemment. Un chapitre est consacré aux relations entre païens et chrétiens, un autre sur la christianisation et la fin des païens.
La troisième partie plus dense et complexe en termes de lecture sur la fin des dieux portent sur la quête des dieux anciens, sur les sorts, les divinations, la magie et la sorcellerie en Prusse mais aussi les pratiques funéraires.
L’ouvrage se termine par une présentation des sources conséquentes, des notes nombreuses et une bibliographie qui montre le travail de recherche conséquent de l’auteur pour nous proposer un ouvrage original et novateur sur le paganisme. |