Un livre conseillé par Margaret Atwood ne pouvait qu’éveiller ma curiosité de lecteur avide de pouvoir lire de nouveaux auteurs. Alors quand celle-ci, une certaine Cherie Dimaline est aussi repérée par un autre auteur que j’apprécie, en l’occurrence Tommy Orange, auteur de Ici n’est plus ici, je ne pouvais que me lancer dans la lecture de Sur les terres du loup, publié chez Buchet-Chastel.

Cherie Dimaline est originaire de la communauté autochtone Métis de la baie georgienne au Canada. Elle a grandi entre Toronto et la Baie, bercée par les histoires de son peuple.

L’histoire qu’elle nous raconte est celle de Joan, personnage au cœur brisé. Voilà presque un an qu’elle s’épuise à chercher son mari, Victor, disparu dans la nuit le soir où il a suggéré de vendre à des promoteurs la terre de ses ancêtres. Depuis, elle sillonne les routes de la baie georgienne, décidée à savoir si Victor est mort ou s’il l’a simplement quittée, comme le pense sa communauté.

Elle pense l’avoir retrouvé quand, après une soirée trop arrosée, une voix familière l’attire dans une tente d’évangéliste dressée au milieu d’un parking. L’homme qui apparaît devant elle n’a de Victor que les traits. Pourquoi ne la reconnaît-il pas ? Et qui est ce révérend Eugène Wolf dont il dit porter le nom ?

Partant d’une histoire somme toute assez classique, l’ouvrage n’est pas un polar classique, encore moins un thriller addictif puisque l’auteur prend soin de bien nous entrer dans l’histoire autour des personnages principaux. Il nous parle aussi de l’histoire d’une communauté, de leurs problèmes et aussi des légendes indiennes.

Il prend aussi une dimension fantastique autour du Rougarou, une créature mi-homme mi-loup qui hante l’imaginaire Métis. Il dévoile un univers fascinant qui fait que le lecteur se retrouve rapidement happée dans sa lecture qui donne là pour le coup une dimension thriller à l’ouvrage, toujours dans le fantastique.

L’un des autres points forts de l’ouvrage, au-delà de sa dimension fantastique repose sur le personnage de Joan qui fait preuve d’un courage admirable, que l’on suit dans sa quête d’indices distillés au fil des pages pour qu’elle puisse retrouver son mari.

Car il y au final une véritable intrigue dans cet ouvrage, avec de très bons rebondissements qui surprennent le lecteur. On frissonne autour de cette histoire, on s’interroge aussi et on ressent aussi l’attachement de l’auteure pour sa communauté, sa culture et les légendes qui y sont attachées.

Totalement dépaysant, superbement écrit, Sur les terres du loup est bien comme le dit Margaret Atwood, une lecture qui nous prend à la gorge. C’est encore donc une belle découverte proposée par les éditions Buchet-Chastel.