Si vous ne connaissez pas encore David Joy, il est grand temps de rattraper votre retard tant cet auteur américain est l’un des auteurs les plus brillants de sa génération. Ces ouvrages sont à chaque fois des bijoux de noirceur qui ne peuvent laisser indifférent ses lecteurs.
Avec son nouvel ouvrage, qui se démarque par une pochette tout simplement magnifique, on se rend compte qu’il nous propose là sûrement son livre le plus noir et le plus déchirant. On pensait l’auteur avoir été déjà bien loin dans la noirceur littéraire, on se rend compte qu’il a encore de quoi hanter nos lectures.
Veuf et retraité, Ray Mathis mène une vie solitaire dans sa ferme des Appalaches. Dans cette région frappée par la drogue, la misère sociale et les incendies ravageurs, il contemple les ruines d’une Amérique en train de sombrer. Le jour où un dealer menace la vie de son fils, Ray se dit qu’il est temps de se lever. C’est le début d’un combat contre tout ce qui se révolte. Avec peut-être, au bout du chemin, un nouvel espoir.
On retrouve dans cet ouvrage les thèmes forts et récurrents de David Joy, comme la famille, la pauvreté et le chômage qui touchent certaines régions américaines. Une fois encore, l’auteur est loin d’être tendre avec son pays qu’il a tendance à ne plus reconnaître. Ici s’ajoute le problème de la drogue aux USA, notamment celle concernant la consommation massive d’opioïdes, de son trafic qui est la cause de nombreux décès dans certains territoires américains.
On voit les dégâts que peut causer ce fléau de la drogue, qui touche le fils de Ray, jusqu’à l’overdose, qui le pousse à voler son père pour se payer une dose, qui détruit les familles. David Joy nous décrit les phases de descentes des drogués, les manques de méthadone ou d’héroïne.
Une fois encore, David Joy déploie son talent d’écriture pour nous narrer ces endroits miteux dans lesquels s’agglutinent ces laissés pour compte de l’Amérique qui croient leur salut dans les paradis artificiels. Il nous montre les ravages physiques et psychologiques que provoque l’addiction aux drogues.
Et en même temps, il nous montre aussi l’envers du décor, ceux qui profitent de la drogue, qui s’enrichissent sans scrupule, profitant d’autorités policières qui font semblant de ne rien voir. Des familles entières qui vivent de ce trafic de drogues en totale impunité. L’ouvrage se termine d’ailleurs par un postface de l’auteur sans équivoque sur la crise des opioïdes aux Etats-Unis.
Une fois encore, David Joy nous narre une histoire de sa région, les Appalaches, toujours décrite et présente comme un personnage de l’ouvrage. Une région en proie aux incendie, métaphore des êtres qui se consument avec la drogue.
Tous ces problèmes sont liés dans cet ouvrage, magnifiquement reliés par l’écriture de Joy. Les Appalaches se retrouvent ronger par les incendies, cette région se meurt en même temps de l’intérieur, rongée par la misère, la pauvreté et le chômage, nombreux cherchant à y échapper par la drogue, comme un cercle vicieux.
Une fois encore, la lecture de ce nouvel ouvrage de David Joy nous prend aux tripes. Les réalités qu’il nous décrit sont bouleversantes, autant que l’Amérique qu’il nous décrit est édifiante.
Nos vies en flammes est pour moi l’un des romans marquants de cette rentrée littéraire et David Joy est un immense auteur. |