C’est avec un plaisir non dissimulé que je me suis lancé dans la lecture d’un auteur que j’aime beaucoup, que je suis depuis de nombreuses années maintenant. Arnaldur Indriðason fait partie des auteurs de polars islandais qui comptent.
En ce début février vient donc de sortir le quatrième tome de la série Konrad, du nom de l’inspecteur qui officie dans les ouvrages de l’auteur islandais. Ex officier, vieux flic sensible, opiniâtre et méticuleux, il revient dans le mur des silences pour résoudre une nouvelle énigme.
Dans une vieille maison, dans laquelle toutes les femmes qui y ont vécu se sont senties oppressées sans raison, un mur de la cave s’effondre et on trouve un corps. Konrad, très intrigué par ce cadavre inconnu, enquête et fait resurgir des affaires traitées dans les trois romans précédents. Par ailleurs, il presse la police d’élucider le meurtre de son père mais il a oublié qu’à l’époque il avait menti et se retrouve inculpé. Toujours dans une ambiance à la Simenon et avec un Konrad très ambigu, moyennement sympathique et noyé dans l’alcool.
Comme il est vrai que les trois précédents tomes ne nous avaient pas permis de savoir véritablement ce qu’il était arrivé à son père, il semblerait que cet ouvrage nous permette d’approcher la vérité.
Des chapitres courts, des temporalités différentes avec des faits qui se déroulent sur des décennies différentes, voilà de nouveau comment l’auteur a construit son ouvrage, le tout sans dérouter le lecteur qui, au fil des chapitres, remet tout ça en place. Présent et passé sont toujours au cœur des romans de l’Islandais, Le mur des silences ne fait donc pas exception. Comme dans ses ouvrages précédents, les souvenirs de Konrad sont très présents, au cœur de l’histoire.
Dans l’ouvrage, on voit aussi le personnage de Konrad évoluer, devenant de moins en moins sympathique, comme si l’influence néfaste de son père disparu se faisait de plus en plus ressentir.
S’il fallait trouver un ou deux défauts à cet ouvrage, sûrement seraient-ils dans la lenteur de l’intrigue, dans les nombreux personnages mais aussi dans la nécessité d’avoir lu les ouvrages précédents (et de s’en souvenir) pour bien apprécier les ramifications qui existent entre eux.
La traduction d’Eric Boury est toujours impeccable et les descriptions de l’Islande toujours aussi magiques tout comme l’atmosphère qui se dégage du roman. C’est un peu la marque de fabrique d’Arnaldur Indriðason qu’il maîtrise parfaitement.
Le mur des silences est un beau roman noir sur la violence familiale, la vulnérabilité, les sacrifices et l’impunité, dans lequel les cold cases ressurgissent toujours. |