"De la musique avant toute chose..." Paul Verlaine
Quel est le rapport par exemple entre Debussy, Reynaldo Hahn, Charles Bordes, John Greaves, Léo Ferré et donc Bertrand Louis ? La mise en musique de poèmes de Paul Verlaine.
Mettre en musique Verlaine, c’est avoir conscience que l’expression musicale, l’attention à la musique du vers (le rythme et la sonorité) est toujours restée primordiale chez lui. C’est un équilibre délicat dans la relation du texte et de la musique, où le rythme, paramètre fondamental de la musique, mais aussi de la versification poétique, est le point central. C’est l’obligation pour le compositeur de repenser la structuration du discours musical en rapport avec les caractéristiques littéraires des poèmes.
Bertrand Louis qui avait déjà mis en musique des textes de Michel Houellebecq, Philippe Muray et Charles Baudelaire l’a plutôt bien compris en s’attaquant au recueil Chansons pour elle où Verlaine célèbre le féminin, l’amour grivois, le sexe... Une évidence pour lui : "ce recueil était devant moi depuis plusieurs années dans ma bibliothèque, si vivant, si actuel et si vrai, il me narguait, le fourbe, et les chansons me sont venues quasiment d'une seule traite... Alors il faut bien que je vous les présente !"
Bertrand Louis a choisi une veine pop, assez classe, avec une instrumentation resserrée (voix, piano, batterie jouée par David Aknin, basse avec Marcello Giuliani et Mareva Galanter en invitée) et une production soignée toute en rondeur réalisée par Laurent Bardainne (au saxophone, à l’orgue Hammond et au Juno 106 également). Allez presque à l’essentiel (les mots) et les draper de quelques accords, de mélodies récurrentes. Et même si tous les morceaux ne sont pas avec des rythmes impairs reste cette fluidité, l’esprit. Une réussite !