Il y a des disques qui, sans le vouloir, télescopent avec une certaine violence l’actualité. Elena Rozanova est née le 23 mars 1969 à Odessa en Ukraine dans une famille où la musique rythmait la vie : son père était pianiste et sa mère chanteuse. Elle a fait une grande partie de son apprentissage à l’école Gnessine et au conservatoire Tchaïkovski de Moscou avec Tatiana Zelikmann, Alexey Nassedkine et Evgeny Moguilevsky comme professeurs avant de remporter des prix dans différents concours internationaux : au Concours Marguerite Long-Jacques Thibault à Paris, au concours Eduard Flipse à Rotterdam, au Concours Takahiro Sonoda à Oita au Japon, au Concours International de musique de chambre à Melbourne et de sortir des disques couronnés de succès.
Ce disque "reflète sans doute le besoin, aujourd’hui, de me retourner sur le chemin parcouru et d’explorer mes racines et mon héritage musical sous le prisme de mon vécu. Il ressemble ainsi des lieder de Schubert, Schumann, Liszt ou Chopin : des œuvres connues et jouées depuis toujours, découvertes lorsque j’accompagnais ma mère, chanteuse lyrique profondément attachée à ce répertoire, mais aussi d’autres, qui m’ont suivie dans mes tout premiers récitals, et qui me bouleversent encore et toujours".
Au programme donc un rapprochement entre la voix et le clavier, des transcriptions de lieder par Liszt : "Liebeslied (Widmung)" de Robert Schumann, "Gretchen am Spinnrade", "Ständchen", "Erlkönig", "Ave Maria", "Auf dem Wassser zu singen", "Die junge Nonne", "Die Forelle" de Franz Schubert, "Frühling", "Das Ringlein", "Bacchanal", "Die Heimkehr" de Frédéric Chopin...
Si l’on sent poindre une certaine nostalgie, Elena Rozanova joue avec beaucoup de virtuosité de sensibilité, garde toute la densité et les contrastes de l’écriture de Liszt.
Alors c’est le cœur serré, en écoutant ce disque (peut-on rester insensible au Ständchen, Erlkönig, Liebeslied (Widmung) ?) que l’on se dit que l’on n’entendra plus pendant longtemps, à Odessa ou en Ukraine, une petite fille partager avec sa maman des moments musicaux autour d’un piano...
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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