Bach, Berg, Schoenberg, Webern
(Aparté Music) février 2022
"After Schönberg, history of music will no longer be fate, but will be subject to human consciousness (...) to a consciousness that changes itself along with reality, on which it knows itself to be dependent, and in which it still intervenes". Adorno
Depuis sa naissance, le langage musical, ou tout du moins le langage musical savant occidental, à la différence de celui extra-européen qui a souvent traversé les siècles et reste encore quasi intact, n’a cessé d’évoluer. Un système qui, par une longue suite d’innovations, d'inventions est passé d’horizontal à vertical, de la monodie, modalité grégorienne... à la polyphonie en quelque sorte, puis à l’atonalité avec l’émancipation et à la suppression de l’harmonie traditionnelle et de la tonalité (harmonique).
C’est une véritable révolution initiée au début du XXème siècle par Arnold Schönberg, qui comme l’explique Annie Coeurdevey : "élabore une doctrine postulant que le compositeur s’arroge le droit de forger son propre langage, il ne s’agit de rien moins que revendiquer les pouvoirs du demiurge : faire ou défaire ce qui jusqu’alors était l’objet d’un consentement partagé". Schönberg sera suivi d’Alban Berg et d’Anton Webern. Tous définitivement associés à la Seconde école de Vienne. À une nébuleuse atonalité succédera, pour résoudre les problèmes de développement thématique et de structure le dodécaphonisme, le sérialisme...
Alors pourquoi jouer à la fois Bach, Berg, Schoenberg et Webern ? "L’idée de ce programme m’est venue spontanément en travaillant les Toccatas de Bach. Cela m’est apparu comme une évidence. Le contrepoint et les nombreux chromatismes, si présents dans la musique de Bach, sonnaient comme un appel vers la musique post-romantique de la seconde école de Vienne, d’autant plus que Berg, Schoenberg et Webern ont tous les trois fait référence à Bach, soit explicitement, soit par la nature même de leur écriture".
Il y a donc chez les trois compositeurs un attachement à une continuité patrimoniale musicale dans une constante évolution. On le retrouve dans la pièce de Schoenberg : Drei Klavierstücke op. 11 qui marque une disparition de la tonalité, une écriture continuellement chromatique et l’utilisations d’intervalles. Des chromatismes, tout comme des gammes par tons qui altèrent la tonalité, présents également dans la sonate pour piano en si mineur de Berg. Les variations pour piano de Webern, seule œuvre publiée du compositeur pour piano seul, s’inscrivent dans un contrapuntisme moderne.
Des formes complexes, des textures, une invention, une liberté qui fait lien et sens avec les Toccatas de Bach.
Hortense Cartier-Bresson, avec une grande intelligence musicale, illumine chaque œuvre, et donne le temps au temps ce qui nous permet de bien entendre chaque plan, chaque ligne musicale. Une très grande réussite.
Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.