Spectacle conçu et mis en scène par Emilie Rousset et Louise Hémon, avec Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux.
L'auteure et metteuse en scène Emilie Rousset qui oeuvre dans l'écriture théâtrale et performative dans le cadre du théâtre documentaire et la réalisatrice Louise Hémon dont la pratique croisant documentaire et arts visuels conjugue cinéma, vidéo et installation, se sont lancées dans un projet commun à long terme ressortant au théâtre documentaire et au théâtre politique.
Intitulé "Rituels", il est dédié dédié au potentiel dramatique des événements - et à leur mise en scène - au regard des rites sociétaux que le quatrième opus "Rituel 4 : Le Grand Débat" aborde sous l'angle d'un sujet de sociologie politique, la politique-spectacle, à son acmé depuis quelques décennies.
Et plus précisément de la mise en scène du politique tant par les intéressés que par les médias et, en l'occurrence dans le cadre du débat télévisé entre les candidats du deuxième tour de l'élection présidentielle.
Ce avec comme postulat sa théâtralité - et sa théâtralisation - tant par les intéressés en représentation de soi, avec ce que cela implique de stratégie de communication, que par le média-réalisateur qui a la main-mise sur l'image diffusée, et la synthèse d'une réflexion sur sa ritualisation avec ses codes, signes, et symboles.
Composée à partir d'extraits significatifs, en termes de dramatologie, d'archives des débats télévisuels intervenus entre 1974 et 2017 restitués dans une mise en perspective temporelle bien que non chronologique et ordonnée sur le thème principal de la Nation, la partition en propose le décryptage des composantes théâtrales que sont la distribution de politiciens, la rhétorique politique comme art de la parole et la mise en scène, de la valorisation à l'instrumentalisation selon le degré de manipulation du réel.
Emilie Rousset et Louise Hamon mettent en scène cet excellent - et édifiant - florilège empruntant au registre musical du "medley" et du "cover" dans un décor de plateau télé "old school" avec le dispositif classique du face-à-face et la projection, en partie haute, du montage en direct des images filmées réalisé par Carole Borne.
Au jeu, un duo époustouflant par sa maîtrise de la prosodie et de la dramaturgie du corps, avec en l'espèce la gestuelle et les mimiques impactant le le sens et la perception du propos soulignées par les gros plans, qui officie sous le signe de l'humour au second degré et avec une pointe parodique, sans toutefois pratiquer le mimétisme avec les véritables - et parfois histrioniques - débateurs.
Entre déclaration prédicative, arguties perfides, joute verbale de bon aloi ou prises de bec pour lesquelles ne manquent que les nom d'oiseaux, dérapages de cabotinage et ton souvent paradoxal avec le contenu du propos, Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux, comédiens aguerris et émérites, jouent et déjouent avec brio cette messe politico-médiatique qui se déploie jusqu'à épuisement des troupes.
Et l'extinction des feux de la rampe avec pour épilogue une citation du poète britannique Lord Byron dont la primeur est laissée au spectateur qui en appréciera la contemporanéité. |