Tragi-comédie d'après le roman éponyme de Friedrich Dürrenmatt, mise en scène de Laure Sagols, avec Philippe Catoire, Jean-Jacques Nervest, Dominique Ratonnat et Vincent Violette.
Suite à une panne automobile dans un no man'sland, un homme trouve hébergement chez un retraité qui l'invite fort civilement à partager le dîner avec ses amis et... leur passe-temps favori.
Mais la tablée s'avère peu ordinaire car composée de retraités du milieu judiciaire tous nostalgiques du bon vieux temps des prétoires qui affectionnent la "procès party" et qui lui proposent donc tout naturellement le rôle de l'accusé refermant ainsi sur lui un piège machiavélique.
Telle est la situation de "La Panne", inscrite dans le mouvement du réalisme social du milieu du 20ème siècle avec la critique sociale et le du bouc émissaire, que concocte le dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt avec l'introduction du mécanisme du jeu dans le drame pour traiter un de ses thèmes de prédilection qui ressort à la philosophie de la culpabilité et son corollaire, la conscience tant de soi que morale.
L'édifiante partition, qui pourrait ressortir à la fable lafontainienne revue à l'aune de la mort de Dieu nietzschénne et de certains concepts existentialistes, se déploie bien évidemment selon ses tropismes dramaturgiques que sont la tragi-comédie, l'absurde et le grotesque sous obédience de l'humour noir que décline judicieusement la mise en scène de Laure Sagols.
A l'interprétation, Jean-Jacques Nervest dans le box de l'accusé et pour camper le triumvirat de vieux du 4ème âge cacochymes et adeptes de beuveries les sortant de leur hébétude sénile, et dont le patronyme s'avère aussi symbolique que prémonitoire, composant le tribunal suprême, l'épatant trio formé par Philippe Catoire, le juge matois Wucht (la force), Vincent Violette, le procureur Zorn (la colère) suppôt du "tous coupables" et Dominique Ratonnat, l'avocat résigné Kummer (la douleur).
Et ce quatuor de comédiens aguerris, compères et complices se délecte de la formidable machine à jouer de Durenmatt qu'il dispense avec maestria dans le cadre de cette nouvelle et réussie proposition, après "En attendant Godot" et "Fin de partie", une nouvelle et réussie proposition de la Compagnie Toby Or Not. |