"Stop your whining, you're alright"

Konstantin Gropper (enfin) heureux ? Il y a une méprise concernant la musique de Konstantin Gropper que l’on considère bien trop souvent comme emphatique. Il y a toujours eu chez lui un goût très prononcé pour le lyrisme, l’intensité, les atmosphères chargées, des arrangements "symphoniques" de grande qualité avec une science de l’instrumentation, une certaine exaltation, une élégance toujours au service d’un propos, d’une écriture pop savante et soignée. Mais jamais rien de déplacé, de trop grossier, de pompeux ou de grandiloquent.

Il en va de même pour son nouveau disque, Amen, à la pochette pour le moins ironique (mais l’ironie et le second degré parcourent tout le disque...), où Gropper regarde l’avenir avec une certaine bénédiction, avec en tout cas espoir et l’envie d’être heureux. Ce qui pourrait être considéré comme l’opposé de The Horror, son disque précédent.

Parce que de nombreux musiciens ont profité du confinement, de la période du Covid pour adopter de nouvelles approches musicales Gropper lui est allé chercher du côté "des avantages et des inconvénients de l'individualisme, le bien et le mal qui nous lient et nous divisent, la poursuite du bonheur et le but de l'espoir, la sagesse des biscuits de fortune chinois" avec de nombreuses références à des romanciers, des thérapeutes, des philosophes et à la religion.

"Envying the Jesus-freaks' great mood, If they can, why can't I feel good"

Il y a donc quelque chose de plus "léger" dans ce disque, ce n’est pas La Compagnie Créole non plus, il y aura toujours chez Get Well Soon quelque chose de spleenien, provenant de l’utilisation de tonalités mineures.

"Don't think about the things that you miss but about what you've got, you got it all, the whole lot"

Amen est un disque conséquent, où clairement Gropper se fait plaisir, et, forcément, cela part un peu dans tous les sens et manque parfois un peu de cohérence. Mais on trouvera son lot d’envolées, des vertiges ascensionnels, de morceaux foncièrement mélodiques avec parfois quelque chose des années 80. Et puis il y a donc cette écriture toujours très bien menée, l’intelligence des arrangements, cette presque voix de crooner, la subtilité des lignes mélodiques, ces textures, cette véritable signature ou marque sonore, tout ce qui catapulte les morceaux très haut ("My home is my heart", "I love humans", "Chant en Disenchant", "This is your life", "Accept cookies").

Sinon, ce n’est pas une pierre tombale sur la pochette mais une borne géographique...

"Are you enjoying our little seminar so far ? Just keep listening !"