Quiconque
suit le cultissime Killing Joke depuis ses débuts sait
combien l’évolution est importante dans le groupe, allant du post-punk
au métal-indus, en passant par la new wave et le rock indé. Et
cet opus ne brisera pas la règle. On a peur à l’écoute
de ce nouvel album, que la bande de Jaz Coleman (ici la formation
originale, enrichie de Dave Grohl derrière les fûts)
se soit une fois de plus enfoncée dans les méandres de son métal-indus,
laissant quelque peu son passé "punk" derrière elle.
Une fois la galette enclenchée dans le lecteur, les premières
notes de "The Death & Resurrection Show" nous écrasent
tel un rouleau compresseur. La batterie se fait tribale, la basse nous assaille
à chaque instant, et la guitare n’a de cesse de nous maintenir
au sol. La production est monstrueuse, et je pèse mes mots.
Jaz Coleman est énervé, et cela se sent, chaque note, chaque
son, chaque mot transpire la rage, et il vomit son dégoût de l’espèce
humaine à la face du monde. Des titres comme "Total Invasion"
ou encore "Blood On Your Hands" sont explicites de par leur
nom, mais les paroles vont au-delà ("5 corporations earn more
than 46 nations. You’ve goth blood on your hands. Corruption at the highest
level…").
Non, décidément non, Killing Joke n’a pas perdu son âme
punk. Jamais une musique n’aura été dans une telle osmose
avec les paroles, le message est universel, et les non anglophones comprendront
le propos aisément, uniquement en écoutant les mélodies.
Mais si tout cela se veut pessimiste, le bonheur et la joie viennent pointer
le bout de leur nez sur un "You’ll Never Get To Me"
, véritable hymne à la vie, et ballade de toute beauté.
Tout ceci pour à nouveau nous replonger, par le clavier malsain de "Dark
Forces", dans un monde aux facettes inexorablement sombres.
Plus qu’une évolution, cet album est une révolution, repousse
les limites du genre, et revisite tous les styles créés par Killing
Joke (mon dieu la basse de "Implant" est à tomber).
Sans compter que Dave Grohl assure une rythmique réellement incroyable,
limite inhumaine. Que de chemin parcouru depuis Nirvana…
Killing Joke nous propose l’un des albums les plus intenses de l’année
et prouve une nouvelle fois sa supériorité. A posséder
absolument ! |