Comédie de Salomé Villiers d'après le roman éponyme de Jean Teulé, mise en scène de Etienne Launay, avec Salomé Villiers, Michaël Hirsch et Simon Larvaron. Avec son roman épique "Le Montespan", le romancier Jean Teulé a propulsé en pleine lumière contemporaine une figure méconnue nonobstant son célèbre patronyme qui est entré dans l'Histoire de France par la petite porte d'une alcôve royale et qui fut connu de son temps par ses frasques d'époux velléitaire qui en firent la risée publique.
En effet, le marquis de Montespan, né Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, mari amoureux de la très séduisante - et ambitieuse - Franc?oise de Rochechouart de Mortemart, satisfait de l'intégration de celle-ci dans la suite de la reine, synonyme d'avantages financiers, a vite déchanté quand elle est devenue la favorite du roi Louis XIV.
Et ce bouillant gascon issu de la petite noblesse d'épée qui rêvait de glorieux faits militaires sans jamais y parvenir a mené sa plus belle - et désespérée - bataille avec le roi en ligne de mire en essayant, avec force provocations et stratagèmes, de récupérer son épouse.
Salomé Villiers à l'écriture, et Etienne Launay à la mise en scène ont procédé à une judicieuse - et réussie - transposition scénique de cette héroïque épopée de l'infortune conjugale en optant pour le genre de la comédie de cape et d'épée et le registre du théâtre de tréteaux, au demeurant tous deux en vogue au Grand Siècle, pour suivre un périple qui défie la règle des trois unités et comporte plus d'une vingtaine de personnages.
Au menu donc, du drame romantique à la comédie en passant par l'arlequinade, amour et jalousie, duel et guerre au son du canon, bamboche et messe noire, émotion et rire, rire burlesque avec des protagonistes pittoresques mais aussi humour parodique à la manière "amour, gloire et beauté" du "soap-opera" et anachronismes verbaux.
Le spectacle est dispensé par trois comédiens émérites habillés en costumes d'époque confectionnés par Virginie H. intervenant dans une scénographie adéquate d'Emmanuel Charles, un plateau nu avec en fond de scène la projection d'une toiles peinte façon 17ème siècle animée et modulée par le travail de lumières de Denis Koransky.
Etienne Launay assure une gestion maîtrisée de la direction d'acteur comme de l'enchainement dynamique des tableaux où alternent narration et scène dialoguées et de l'ellipse temporelle avec les ambiances sonores réalisées par Xavier Ferri et pour intermèdes des compositions de Lully.
Bien distribués en terme d'emploi, Simon Larvaron dans le rôle-titre s'avère parfait comme Salomé Villiers avec laquelle il forme un délicieux couple d'amoureux. Celle-ci officie également - et efficacement - dans tous les rôles féminins à l'instar de Michaël Hirsch qui opère magistralement en multi-rôles des deux sexes et livre un morceau d'anthologie bouffonne avec sa composition du maladif roi d'Espagne Charles II.
Une superbe démonstration de talents. |