Past Imperfect : The Best Of Tindersticks '92-'21
(City Slang) mars 2022
Parler des Tindersticks ne relève pas vraiment de la proposition de découverte comme on aime à le faire sur Froggy’s delight, certes. Le groupe est connu et reconnu et sa longue carrière n’a plus de secret pour personne.
Non, si on parle des Tindersticks ici, c’est parce que c’est le meilleur groupe du monde (en tout cas de mon monde à moi) et que toutes les occasions sont bonnes pour encenser ceux qui nous accompagnent déjà depuis 30 ans.
Les Tindersticks, c’est le romantisme à l’état pur, le vrai pas ce truc qui sent l’eau de Cologne et qui consiste à offrir une rose à son ou sa bien aimée. Non, ici c’est celui de Lautréamont de Chateaubriant, de la poésie, de la noirceur, de l’espoir et de la beauté au travers des textes parfois aussi obscurs qu’une face B de Jean-Louis Murat mais toujours si élégants, quand ils sont chantés par Stuart Staples qui reste si charismatique et sexy derrière sa drôle de moustache qui est désormais partie intégrante du personnage depuis au moins 15 ans.
Les chansons du groupe ont ça de magique qu’elles sont à la fois sombres et hantées et à la fois si lumineuses, enivrantes et hypnotiques. L’orchestration toujours pleine d’élégance et la voix irrésistible de Stuart n’y étant pas tout à fait étrangers bien entendu.
Longue carrière donc, célébrée aujourd’hui avec ce beau disque en forme de compilation intitulé Past Imperfect, the best of Tindersticks '92-'21 et qui, souhaitons-le de tout coeur, n’est pas un bilan testamentaire.
Rien de bien folichon sur ce disque d’ailleurs pour les fans qui auront déjà tout écouté. Mais quand même un objet indispensable compilé avec soins par ses auteurs.
Alors chacun trouvera forcément à redire, 30 ans de carrière en 20 titres, cela prête à rire, surtout avec la richesse du répertoire de ce groupe mais pourtant ces 20 titres répartis sur 2 vinyles s’écoutent comme un album à part entière, on navigue dans la carrière du groupe avec fluidité et délicatesse et le choix est plutôt pertinent.
On y trouve évidemment les incontournables "Tiny Tears", "City Sickness" ou "My sister" ainsi que le toujours sublime duo "Travelling light" avec Carla Torgerson du non moins merveilleux groupe The Wakabouts. On notera d’un autre côté l’absence de "No more affairs" ou "Her" mais il fallait choisir et quoi de plus indiscutable que le choix fait par le groupe.
Et puis c’est aussi l’occasion de s’ouvrir des portes vers la réécoute de toute la discographie du groupe bien évidemment et encore mieux (comme je vous envie) de découvrir un groupe que peut-être vous ne connaissiez pas encore (je vous envie mais bon, c’est quand même une grave erreur d’être passé à côté jusqu’à présent).
Pour les plus chanceux d’entre vous qui aurez la chance d’avoir la version collector de ce disque, deux autres vinyles se trouvent dans la boîte cartonnée. Ce double vinyle contient le concert à Glasgow d’octobre 2008 qui était jusqu’à présent disponible seulement à l’achat lors de quelques concerts. Un vrai faux inédit donc mais dont le plaisir d’écoute ne se dément pas et sur lequel on retrouvera cette fois quelques autres perles écartées du best of ("Her", "e-type", "She’s gone", "Boobar"…).
Pour les autres, il y a quand même un petit peu d’originalité avec la version de "Willow" jusque-là entendu dans le film de Claire DenisHigh Life et interprétée par Robert Pattinson et le très doux "Both Sides Of The Blade" qui est lui aussi destiné à illustrer une fois de plus un film de Claire Denis.
Un disque à avoir pour au moins deux raisons. La première serait que vous ne connaissiez pas les Tindersticks, il faut rattraper cela tout de suite ! La seconde, c’est que vous connaissez par coeur le groupe et donc il serait indécent de passer à côté d’une nouvelle parution, quand bien même on en connaît toutes les chansons par coeur.