J'ai horreur de l'amour
(Microcultures) avril 2022
Un nouvel album de Bertand Betsch est toujours un évènement pour moi. J’aime la musique et l’univers de cet artiste depuis ses premiers disques et notamment La soupe à la grimace, que j’écoute régulièrement.
Quel plaisir donc d’insérer dans ma chaîne ce nouveau disque constitué de neuf titres de neufs magnifiques. Un album au titre évocateur, peut-être provocateur aussi, J’ai horreur de l’amour qui s’appuie comme toujours sur des superbes titres qui nous parlent forcément. Un titre qui est aussi celui d’un très bon film avec l’excellente Jeanne Balibar au casting.
C’est un album sombre qu’il nous propose, on imagine d’ailleurs quel type de médicament se trouve sur la langue de la personne sur la pochette (très belle photo au passage, je trouve, qui correspond bien à ce que l’on va trouver dans le disque).
Mélancolique dans les textes et dans la musique, Bertand Betsch signe de nouveau paroles et musique, réalise les arrangements, l’enregistrement et le mixage, s’accordant l’aide de Salomé Perli pour le violon et le piano sur le titre "Ultraviolet".
Avec cet album, Bertand Betsch poursuit son petit bonhomme de chemin, lui qui a déjà une vingtaine de disques à son actif, ravissant son public à chaque fois avec ses mélodies entêtantes, son timbre de voix particulier, sa voix désenchantée ici et son regard sur notre monde si juste.
L’amour dont il nous parle n’est pas celui qui rassemble ou qui unit, celui qui fait briller les yeux. Il est plutôt celui qui détruit, qui sépare et qui fait couler des larmes. Au fil des titres, il nous en fait l’analyse, remettant en cause ses avantages pour n’en montrer que les défauts. C’est bien du désamour qu’il nous parle au final aboutissant même à la mort, très présente dans l’album, le clôturant même sur le dernier titre "Deadline".
Emouvant, l’auteur donne l’impression de se dévoiler en écho à notre monde et nos sociétés. On se laisse s’abandonner à ses côtés en écoutant ses musiques émouvantes, parfois déchirantes quand la guitare se crispe pour s’imprégner de l’univers de l’artiste. La tristesse est la genèse de cet album qui confirme que ce sujet est une source inépuisable pour la musique.
Salutaire et bouleversant, J’ai horreur de l’amour, dont la simple lecture du tracklist pourrait pousser un suicidaire à passer à l’acte, est un magnifique disque que je vous recommande vivement.
C'est bientôt Noël, il est temps de penser aux cadeaux, que ce soit de la musique, de la littérature, des places de théâtres ou au musée, il y a de quoi faire dans notre sélection de la semaine.