"Si je pouvais donner un corps à ce qu'il y a en moi de plus intime, si je pouvais en décharger mon sein, si je pouvais prêter une voix à mes pensées et enfermer en un seul mot, mon âme, mon cœur, mon esprit, mes passions, mes sentiments, dans leur force ou leur faiblesse ; tout ce que j'aurais voulu trouver, tout ce que je cherche, tout ce que je souffre, ce que je sais, ce que j'éprouve sans mourir, et quand ce mot serait la foudre, je le dirais ; mais faute de ce seul mot, je vis et je meurs sans avoir été compris, avec une pensée qui ne peut trouver de voix, la renfermant en moi comme l’épée dans le fourreau." Lord Byron, Le pèlerinage de Childe Harold

Entre Franz Liszt, Michel Dalberto et nous, c’est une grande histoire d’amour, une sorte de ménage à trois. Un plaisir que l’on prolongera avec ce disque allant de la "Vallée d’Obermann" représentation tout autant de la nature Suisse que portrait intérieur aux vertigineuses Études d’exécution transcendante ("Paysage", "Mazeppa", "Ricordanza", "Chasse-neige") pour terminer en apothéose avec la célèbre sonate en si mineur ce "chef-d'œuvre absolu".

Le Liszt de Dalberto parle au cœur, au corps, au cerveau.

Dalberto sait déchaîner des passions sonores sans jamais négliger les côtés plus poétiques et lyriques des œuvres, tout en gardant une prise ferme sur la structure, l’architecture, la narration qui prennent forme sous ses doigts.

La sonate en si mineur est une œuvre qui touche au secret de l’âme du compositeur, si dense, si pléthorique dans les thèmes et leurs traitements. La dualité y est au cœur. Liszt est dieu et diable, Faust et Méphisto : "Je suis catholique de religion, hongrois de nationalité. J'ai un penchant pour la religion, mais j'ai encore quelque chose de démoniaque dans ma nature". Tumulte et contemplation, divin et diabolique, bienveillance divine et envoutement tout se mêle ici.