Spectacle performatif conçu et mis en scène par Mehdi-Georges Lahlou interprété par Pearl Manifold, Hala Omran, Ghita Serraj et Tamara Saade.
Avant le début de cette courte performance ludique signée et mise en scène par Mehdi-Georges Lahlou, les quatre chanteuses-danseuses, toutes de noir vêtues, sont assises dans un décor tropical très vert, très dense. Les jeunes femmes, trois brunes et une blonde, très sensuelles dans leurs pantalons moulants sont très souriantes, presque naturellement et étrangement dans l'attente d'une détente transgressive. Par l'intermédiaire de la note d'intention de Mehdi-Georges Lahlou, on comprend la nature de la transgression qui va avoir lieu et qui est explicite dans le titre de l'oeuvre, "72 vierges" : il va s'agir d'évoquer "le kamikaze musulman" à qui, justement, son sacrifice octroie en récompense des "houris" au nombre de 72. Quand débute le spectacle et que le quatuor s'anime façon "dance floor", l'allusion saute aux oreilles puisque qu'elles se trémoussent au son de "Like a Virgin", le tube explicite de Madonna. Dès lors, elles vont l'une après l'autre prendre le micro et lancer quelques vérités bien senties... mais très allusives. Mehdi-Georges Lahlou, pour sa tranquillité et celle de son public, n'a pas eu l'envie de s'attaquer avec les armes d'un "cabaret musical" à une idéologie qui ne connaît que l'épreuve de force... Oui, mais... peut-être que c'est la répétition des phrases suaves et des musiques entraînantes qui auront, un jour, raison du bruit désagréable et de la tristesse de ce qui n'est pas nommé... Pas nommé mais juste évoqué sous la forme d'un vestiaire où sont alignées ce qui semblent les tenues attribuées post-mortem à ceux qui espèrent faire usage des 72 vierges... Pearl Manifold, Hala Omran, Tamara Saadeet Ghita Serrajmettent toute leur beauté et toute leur énergie, et une certaine distance humoristique, dans ce combat disproportionné mais salutaire.
On a parfois l'impression que Mehdi-Georges Lahlou renvoie dans ce cabaret exotique à un film qu'on aimerait qu'il connaisse, "Exotica" du bien oublié Atom Egoyan. Le combat d'alors n'était pas le même, mais lui aussi pensait que la sensualité et la poésie pouvaient, au final, triompher de la brutalité et de la barbarie. |