Habituellement, quand on attaque la chronique d'un disque on a déjà une idée du style auquel on va le rattacher, pour bien expliquer aux gens de quoi il s'agit, si c'est plutôt Beatles ou bien Metallica.
Avec Necessary alibis, c'est un peu différent, je n'ai aucune idée de ce à quoi je pourrais faire référence pour vous donner une idée de ce disque. Pourquoi me demanderez vous, et je serais bien embarrassé pour vous répondre car je ne sais pas.
Soit parce que Moonman a un style bien à lui, soit parce que le mélange de différentes influences est parfaitement géré et crée de fait un style propre, soit parce que Moonman n'a pas de style.
J'exclus directement la dernière hypothèse pour la simple raison que ce Necessary alibis est un très très bon album. En fait je dirais que la réponse est un mélange de la première et de la deuxième hypothèse.
En effet, grâce à des influences irréprochables impeccablement digérées, les Moonman ont trouvé désormais leur voie.
Et de bien belle façon puisque ce disque contient quelques incontournables et entêtants morceaux comme le titre d'ouverture au refrain imparable, ou encore de "Victim of your own device" hypnotique, sorte de mélange entre un rock dur scandé et une composition plus électro pop. pourtant, dans les faits, de l'électro il n'en est que peu question sur cet album. Guitares, basse, batterie font des merveilles et c'est un son "lourd" qui donne à Necessary alibis son ambiance, sa Moonman's touch.
Cette touche toute particulière est d'ailleurs due en partie à la production de Gilles Deles, déjà croisé sur les productions de Angil, ou encore Half Asleep.
La voix aussi a son importance, si elle peut agacer, un peu trop retenue dans la gorge, sur certains titres elle sait s'imposer quand il le faut comme sur ce refrain remarquablement efficace dans "Necessary Alibis" ou encore une fois sur "Victim of your own device" qui a décidément toute les qualités d'une chanson faite pour durer.
"Lipstick Rebel" est également un morceau qui se démarque par des guitares très incisives, proche du rock new yorkais un peu "sale" des Sonic Youth et que l'on pourrait imaginer sans peine chanter par Kim Gordon.
On passera rapidement sur "Team of secret rivals", le quadriptyque final 4 morceaux pour 1 seul titre, un peu trop arty dans le concept. Mais on ne passera pas sur l'écoute de ces titres qui eux aussi ont une densité proche de ce que l'on peut retrouver du côté du post rock (notamment sur la première partie), même si le traitement et les arrangements n'ont pas grand rapport.
Moonman, un petit pas dans l'histoire du rock mais un grand pas pour les heureux possesseurs de ce disque. |