Spectacle du Collectif Les Funambules mis en scène par Virginie Lemoine. Après l'homophobie, Les Funambulesmenés par Stéphane Corbin consacrent leur deuxième spectacle, "Elles", à la cause féminine. Les chanteuses et les diseuses sont évidemment majoritaires sur la cinquantaine de participants à cette entreprise de salubrité publique, dont les bénéfices vont au "Planning familial". Mais on n'est pas, pour le meilleur et pour le pire, dans l'extrême radicalité de Mona Chollet quand elle réunissait il y a quelques années les "Sorcières" à la Maison de la Poésie. Ici, les hommes ne sont pas indésirables. Outre les musiciens, il y aura même un chanteur à la voix virile (Maximilien Philippe). Pendant presque trois heures, la salle chauffée à blanc par Les Coquettes, un groupe de trois chanteuses impertinentes et talentueuses, va opiner à toutes les thématiques évoquées dans les chansons composées par Stéphane Corbin et être confortée à ses certitudes dans des intermèdes regorgeant d'informations sur le sort des femmes, dans l'Espace par exemple. Virginie Lemoine mène la danse, mais ne sera pas la seule. Puisqu'on pourra reconnaître des femmes célèbres parmi les récitantes, Corinne Touzet, Noémie de Lattre et Anny Duperey. On y évoquera une grammaire française très macho, un monde où tout est souvent exclusivement masculin et une montée constante des féminicides. Les chansons originales, souvent drôles, parfois émouvantes ("Vieille" interprétée par Valérie Zacommer - "J'ai aimé un homme" par Rachel Pignot), voire combattantes ("La Charge mentale" par Magali Bonfils) parlent du droit de vote, du harcèlement, des taches ménagères et tentent un tour d'horizon de la domination masculine. Evidemment, à la différence des féministes radicales, pas question d'évoquer la différenciation sociale entre les femmes ni les problèmes épineux liées aux religions. On ne chantera donc pas les belles figures révolutionnaires d'Olympe de Gouges à Louise Michel ou Rosa Luxembourg. Pas de pétroleuses ni de syndicalistes mais un combat "apolitique" féminin à l'image de celui mené par un magazine comme "Elle"... Si l'on aime les chansons des comédies musicales à la "française" et les chanteuses formées dans des crochets télévisuels, on appréciera la haute tenue de ce spectacle sans faute de goût, mis en scène habilement par Virginie Lemoine. On soulignera un bel hommage à Anne Sylvestre, qui avec Barbara et Colette Magny, a préfiguré la chanson française au féminin. On devrait les appeler les "Grandes" de la chanson. La version de "Juste une femme" proposée dans "Elles" était magnifique et aurait justifié à elle seule la belle entreprise de Stéphane Corbin. |