Un ouvrage de David Mitchell est toujours un évènement en soi. Anglais ayant vécu en Italie et au Japon, David Mitchell est considéré comme un surdoué des lettres britanniques, auteur de romans inclassables qui se jouent des genres littéraires. Il a été deux fois finaliste du Man Booker Prize. Il a publié plusieurs livres aux éditions de l’Olivier, notamment Cartographie des nuages, qui a été adapté au cinéma sous le titre Cloud Atlas.
Avec Utopia Avenue, l’auteur nous propose un roman aux accents de biographie rock qui va plaire à ceux qui aiment cette musique. L’histoire se déroule dans le Londres de 1967, dans l’effervescence des Swinging Sixties qui voit la formation d’un improbable groupe de folk-rock psychédélique nommé Utopia Avenue. Chapeauté par l’excentrique manager canadien Levon Frankland, ce groupe fictif connaît une ascension fulgurante et croise la trajectoire de célébrités bien réelles telles que Syd Barrett, Francis Bacon, Leonard Cohen ou Janis Joplin.
Autour de ce groupe à la fois mythique et fictif, l’auteur parvient à construire un formidable roman qui nous plonge dans une époque passionnante que cela soit au niveau musical mais aussi au niveau politique et social. Ces années furent celles de l’effervescence musicale mais aussi celle de la guerre du Vietnam.
On va donc suivre ce groupe, Utopia Avenue, de leur création jusqu’a leur fin dans un roman dense et documenté puisque l’auteur nous propose les titres et les paroles des chansons ainsi que des descriptions de leurs concerts.
La grande qualité du livre tient dans le réalisme de ce groupe fictif que l’auteur nous fait vivre au milieu d’autres groupes et artistes réels qui passent pour des personnages secondaires. On se retrouve alors totalement immergé dans cette ambiance des années 60 de façon totalement vivante.
Le sujet et l’époque qu’il raconte sont totalement maîtrisés, très variés aussi brassant avec habilité tous les travers ou les difficultés rencontrées par les groupes de musique de l’époque. Des rêves assouvis, des déceptions, des rencontres, du sexe aussi, hétéro ou homosexuel, des problèmes psychologiques, tout y passe dans la vie des membres d’Utopia avenue composé d’Elf, de Dean, de Jasper et de Peter. Utopia Avenue, c’est le portrait de Londres où le sexe se libère et où circule le LSD. C’est aussi certains lieux publics et des emplois qui sont encore interdits aux Noirs et aux Irlandais.
Utopia Avenue, c’est donc la description détaillée et fouillée d’un monde artistique hétéroclite avec des génies et des looser. David Mitchell raconte avec une minutie éblouissante le mystère de la création des chansons, le tumulte des premiers concerts dans les bars et les sessions en studio, les rencontres décisives, les caprices du hasard, les ambitions contradictoires et les conséquences de la célébrité.
Réussir à décrire avec passion l’effervescence musicale d’une époque en inventant un groupe de musique est le pari totalement réussi de David Mitchell avec Utopia Avenue. Chapeau bas ! |