Le Musée Picasso Paris initie une programmation d'expositions de regards contemporains "afin d’interroger la postérité de Picasso" décidée par Cécile Debray qui assure sa direction depuis 2021, en proposant sous le titre "Les femmes qui pleurent sont en colère" des oeuvres réalisés par ORLAN, artiste phare et figure tutélaire du "body art" français.
Terminologie à laquelle celle-ci préfère celle d'"art charnel" pour rendre compte notamment de son tropisme pour l'autoportrait qui se traduit par la revisite des archétypes iconographiques de l’Histoire de l’art et ceux culturels pratiquée dès son entrée sur la scène artistique.
Après notamment les "Surgery-Performance" du début des années 1990 qui transformait réellement son corps en "ready-made modifié" par l'intermédiaire d'opérations chirurgicales, elle initie un mode purement virtuel, remplaçant le bistouri par
"la chirurgie des images" et l'utilisation de la technologie numérique.
Toujours dans un contexte de manifeste féministe, l'autoportrait conceptualisé comme une mise en abyme identitaire par le procédé de "défiguration-refiguration" se traduit par l’hybridation de son image avec celles de représentations féminines dans le cadre de son corpus nommé "Self-hybridations" destiné à "supprimer les frontières entre cultures, civilisations, couleurs de peau, générations, sexes et pratiques artistiques".
La femme qui pleure : ORLAN vs Picasso
Après "Self-hybridations précolombiennes" en 1998, puis Africaines en 2000 et Amérindiennes 2005, ORLAN a exploré l'hybridation dystopique avec l'humanoïde avec la sculpture "ORLAN-oïde" insérée dans l’exposition
Sous le commissariat de François Dareau, chargé de recherches au Musée Picasso Paris, celui-ci prend le relais de la Sorbonne et de Galerie Eva Vautier à Nice pour présenter douze photo-montages réalisées en 2019 qui ouvrent de nouvelles séries en résonance avec l'oeuvre de Pablo Picasso.
Outre ORLAN qui se représente à la façon picassienne, trois oeuvres constituent des avatars de la figure de la mère, figure éplorée allégorie de la souffrance, de la fresque "Guernica" à laquelle est ajoutée une langue expression du cri.
Et, nonobstant son admiration affirmée pour Picasso, elle créée la série "Les femmes qui pleurent sont en colère" en lien notamment avec le portrait de Dora Maar intitulé "La femme qui pleure" de Picasso dans une entreprise de dénonciation de la domination masculine telle celle de l'artiste qui de surcroît réifie le corps féminin et en l'espèce était violent, de l'emprise de l'homme sur la femme et de désaliénation de la femme amoureuse.
A noter qu'une exposition "Manifeste ORLAN - Corps et sculptures" se tient presque concomitamment aux Abattoirs à Toulouse jusqu'au 28 août 2022
En préambule à la visite, en accès gratuit :
à voir en diaporama :
l'exposition in situ
l'exposition
"Manifeste ORLAN - Corps et sculptures"
l'exposition à la galerie
Eva Gautier
l'exposition "Artist & Robots" au Grand Palais en 2018 :
le corpus Self hybridations sur le site officiel de l'artiste
en vidéo :
la conférence à la Sorbonne avec ORLAN dans le cadre de son exposition "Les femmes qui pleurent sont en colère par femme avec tête(s)" à la Sorbonne Artgallery en 2019
l'nterview d'ORLAN à l'exposition "Artist & Robots" |