Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Pierre Corneille, adaptation et mise en scène et adaptation Marion Bierry, avec Alexandre Bierry, Benjamin Boyer (ou Thierry Lavat), Brice Hillairet, Anne-Sophie Nallino, Serge Noël et Mathilde Riey. Un menteur, deux coquettes avisées et trois crédules tels sont les protagonistes de la pétillante comédie "Le Menteur" de Pierre Corneille qui indiquait dans son épître avoir "voulu tenter ce que pourrait l’agrément du sujet dénué de la force des vers" dans le "genre comique de ma première réputation" en repassant du "héroïque au naïf".
En cinq actes et en alexandrins, sur le thème du mensonge et le mode du jeu de dupes déclinés en cinq actes et en alexandrins, la partition relate les péripéties parisiennes d'un jeune provincial en quête de notoriété et de bonne fortune dont la pratique de l'affabulation dans toutes ses déclinaisons s'accompagne de corollaires tels la fanfaronnade et la vantardise.
Ce qui l'entraîne dans la spirale de la menterie, de surcroît source de quiproquos dont il est également victime. Et il s'avère particulièrement convaincant tant par sa verve que par sa physionomie plaisante et son aisance dans une mythomanie qu'il considère comme une grâce divine et érige en art pour lequel "il y faut promptitude, esprit, mémoire, soins, ne se brouiller jamais, et rougir encore moins"
Mais s'il berne son valet, qui résume parfaitement son caractère comme celui d'un "vaillant par nature et menteur par coutume", son père bonhomme et bienveillant et son ami candide, il trouve affaire avec deux péronnelles à la vocation précoce de perfide coquette qui usent du stratagème de l'inversion des rôles.
Marion Bierry assure l'adaptation en resserrant la partition, notamment en l'élaguant ldes personnages secondaires, tout en insérant en introduction et en épilogue des extraits de "La Suite du Menteur".
Par ailleurs, elle la recontextualise dans la seconde moitié du 19ème siècle et ce non uniquement par les costumes confectionnés par Virginie Houdinière mais en la déclinant selon les codes des deux genres phares en ce temps, le vaudeville, pour la mise en scène virevoltante, et l'opéra-bouffe avec l'ajout de couplets, notamment de certaines répliques mises en musique, osant même un anachronique insert.
Dans le décor de Nicolas Sire, un castelet déployé en paravent signifiant la nature résolument théâtrale et divertissante de l'opus, les comédiens délivrent efficacement la langue versifiée qui se déploie sur le ton conversationnel.
Autour d'Alexandre Bierry époustouflant dans le rôle-titre du beau causeur naviguant à l'aise entre gasconnade à la poitevine, hâblerie et imposture, Benjamin Boyer, le serviteur confident néanmoins toujours abusé, Serge Noël le paternel clément, Brice Hillairet, l'ami sans rancune aux mimiques parfois luchiniennes, Anne-Sophie Nallino et Mathilde Riey en circonspectes pimbêches délivrent de manière émérite cette comédie qui ressort à la tartufferie sans grave conséquence, au jeu de dupes et à la ronde amoureuse.
Un brillant et joyeux divertissement. |