"C'est Lindor, c'est Tircis et c'est tous nos vainqueurs !
C'est Myrtille, c'est Lydé! Les reines de nos cœurs !
Comme ils sont provocants ! Comme ils sont fiers toujours !
Comme on ose régner sur nos sorts et nos jours ! Faites attention ! Observez la mesure !
Ô la mortelle injure ! La cadence est moins lente !
Et la chute plus sûre ! Nous rabattrons bien leur caquets !
Nous serons bientôt leurs laquais !
Qu'ils sont laids ! Chers minois !
Qu'ils sont fols ! (Airs coquets !)
Et c'est toujours de même, et c'est ainsi toujours !
On s'adore ! On se hait ! On maudit ses amours !
Adieu Myrtille, Eglé, Chloé, démons moqueurs !
Adieu donc et bons jours aux tyrans de nos cœurs !
Et bons jours !"

Sous le titre Fauré le dramaturge, le chef Takénori Némoto et son bel Ensemble Musica Nigella a rassemblé la Pavane, Shylock (version originale pour orchestre de chambre reconstituée par Takénori Némoto), Pelléas et Mélisande (version originale pour orchestre de chambre, orchestration de Charles Kœchlin), Le voile du bonheur et Masques et bergamasques.

Le fil rouge, vous l’aurez compris, étant la musique de scène : Shylock pour Le Marchand de Venise de Shakespeare en 1889 (avec ici Cyrille Dubois, toujours excellent), Pelléas et Mélisande pour la représentation en anglais de la pièce de Maurice Maeterlinck à Londres (avec la soprano Cécile Achille), Masques et bergamasques suite tirée de la musique de scène en huit tableaux écrite en 1919 pour un divertissement inspiré des personnages de la commedia dell’arte sur un livret de René Fauchois, commande par Albert Ier, prince de Monaco. À découvrir Le voile du bonheur commandé par Georges Clémenceau pour sa pièce du même nom et créé en 1901 au Théâtre de la Renaissance à Paris, œuvre peu connue du compositeur, aux accents orientaux et impressionnistes.

Il y a ici une élégance, de la sensibilité, "du bon goût et de la modestie" dans ces interprétations qui savent se montrer parfois capiteuses.