Voilà une belle découverte que cet ouvrage de l’auteur Stephen Graham Jones au titre un peu provocant qui ne peut laisser indifférent. Stephen Graham Jones est un écrivain et universitaire originaire de la tribu des Pikunis dont l’œuvre est composée d’une vingtaine de romans et nouvelles dans le courant de la renaissance amérindienne.
Il publie son deuxième roman en France, Un bon indien est un indien mort après avoir été récompensé par de nombreux prix aux Etats-Unis. Salué par le maître Stephen King mais aussi par Tommy Orange, autre auteur amérindien, son ouvrage est un mélange d’humour et de visions horrifiques.
Le roman nous raconte l’histoire de quatre amis d'enfance ayant grandi dans la même réserve amérindienne du Montana qui sont hantés par les visions d'un fantôme, celui d'un caribou femelle dont ils ont massacré le troupeau lors d'une partie de chasse illégale dix ans auparavant. Tour à tour, ils vont être victime d'hallucinations et de pulsions meurtrières, jusqu'à ce que l'entité vengeresse s'en prenne à la fille de l'un des chasseurs.
"Un indien a été tué lors d’une dispute devant un bar", voilà la phrase qui ouvre le roman de façon plutôt anodine alors que rapidement les pages suivantes vont nous raconter que cet évènement, ce crime témoigne d’une violence et d’une monstruosité pas si banale que cela.
Car c’est bien de racisme que témoigne ce crime mais ce ne sont pas seulement des hommes qui y ont participé, mais aussi des créatures qui vont donner à l’ouvrage une dimension surnaturelle. Une terrible vengeance commence à s’abattre sur ces jeunes qui ont fait l’erreur de tuer une femelle caribou enceinte. Une vengeance qui agit de façon sournoise, sans dire d’où elle vient pour dévoiler une intrigue dans le livre servie par de nombreuses fausses pistes qui fonctionnent parfaitement.
Et en même temps, au-delà de l’intrigue concernant la colère des caribous à l’égard des hommes se greffe l’histoire de Denorah, une jeune fille particulièrement douée pour le basket qui s’apprête à jouer le match de sa vie.
L’ouvrage est aussi un livre sur la situation des Amérindiens, sur leurs difficultés, sur leur volonté de faire perdurer leur culture aux Etats-Unis. Et c’est bien là l’intelligence de ce livre que d’utiliser un roman horrifique et surnaturel reposant sur la mythologie indienne pour nous exposer une critique des conditions de ces Amérindiens aux USA. Ce n’est donc pas seulement un roman d’horreur que nous propose l’auteur mais aussi un roman à la dimension sociale indéniable. Un roman sur la famille aussi, sur l’amour et l’amitié.
Alors voilà, Un bon indien est un indien mort est un livre assez génial, dans sa construction et dans la manière prise par l’auteur pour dénoncer la situation des Amérindiens aux Etats-Unis. On se retrouve facilement embarqués dès les premières pages, plongés ensuite dans l’hémoglobine qui dégouline des pages, façon Stephen King, pour une lecture qui n’en reste pas moins très agréable. Une véritable réussite littéraire et un ouvrage au passage avec une très belle couverture. |