On aime plus que tout le talentueux Jonathan Franzen chez Froggy’s Delight et il fait partie de mes écrivains étrangers préférés. Je suis toujours plus que ravi d’avoir entre mes mains un livre de Jonathan Franzen car je sais assurément que sa lecture va m’enchanter. Il est pour moi et pour beaucoup d’autres l’un des plus grands romanciers américains de sa génération.
Alors l’arrivée de Crossroads (avec au passage une couverture de toute beauté) ne pouvait que m’enchanter. J’avais beaucoup aimé Purity, sorti en 2016 mais je crois que j’ai encore plus apprécié Crossroads. Il fait pour moi partie des tous meilleurs romans de Jonathan Franzen.
Nous sommes en 1971, à la veille de Noël, la météo annonce une importante perturbation. Russ Hildebrandt vit avec sa femme, Marion, et leurs enfants dans une banlieue cossue de Chicago. Pour ce pasteur libéral, l'attirance qu'il ressent à l'égard d'une jolie paroissienne est un vrai cas de conscience. À ses tourments s'ajoute l'arrivée de Rick Ambrose, le jeune pasteur cool qui cherche à l'évincer à la tête de l'association de jeunes qu'il a créée.
Soudain, tout s'accélère... La guerre du Vietnam fait rage, la contestation s'étend, les enfants s'émancipent, la musique change, tout comme le sexe, dans un monde où règnent la drogue et le rock and roll.
Annoncée comme le premier volet d’une trilogie romanesque qui devrait emmener cette famille américaine jusqu’aux années Trump, l’auteur a pour ambition de faire vivre ses personnages jusqu’à nos jours presque.
Au cœur de ce roman on retrouve de nouveau la famille, un thème de prédilection de Jonathan Franzen mais aussi la classe moyenne, que l’on retrouve aussi dans d’autres livres. Crossroads, c’est le nom d’une association créée par le pasteur Hildebrandt qui fait beaucoup de bénévolat.
L’ouvrage va nous montrer la famille du pasteur se décomposer et se recomposer au travers de ses différents membres qui connaissent des évolutions différentes, qui sont à un carrefour (crossroad) de leurs vies. Avec au cœur de ces tourments, cette relation entre le pasteur et l’une de ses fidèles plus jeunes que lui. La crise familiale est véritablement au cœur de cet ouvrage, associé à la religion aussi.
On retrouve aussi dans cet ouvrage de Jonathan Franzen ce que j’aime beaucoup chez lui, à savoir l’humour et l’ironie qu’il manie avec parcimonie et délicatesse. C’est toujours très fin, plein de sensibilité. Cela s’appuie souvent sur les traits des personnages, sur leurs faiblesses qui les rendent parfois très drôles.
C’est le cas de Perry, un ado surdoué se retrouvant embarqué dans les substances hallucinogènes que l’on pouvait trouver en grande quantité pendant les seventies. Mais aussi de Clem, étudiant dispensé de guerre du Vietnam qui découvre la sexualité en même temps que la culpabilité de classe. Dans cet ouvrage, plus encore que dans ses précédents, l’auteur nous propose une approche très approfondie de la psychologie des personnages qu’il nous raconte.
Comme souvent, l’auteur nous propose en toile de fond de son ouvrage une radiographie d’une époque, les années 70 ici et d’un pays, le sien, les Etats-Unis. Une époque passée ici, puisque pour une fois l’ouvrage traite du passé quand ses précédents était centrés sur le présent.
C’est donc de nouveau une nouvelle petite pépite de lecture que nous offre Jonathan Franzen avec Crossroads et on a déjà hâte d’avoir entre les mains les deux prochains volets de sa trilogie. |