Pièce d'actualité écrite et mise en scène par Marie Mahé, avec Deborah Dozoul, Mégane Ferrat, Capucine Gourmelon, Sofia Harmoumi et Sébastien Kheroufi.
Peut-on envisager la féminité via le prisme de ce qui est censé être son opposé: la virilité?
Dans "Viril(e.s)" Marie Mahé déconstruit abruptement les concepts de féminité et de masculinité en donnant la parole à cinq femmes de leur époque.
Justine, Capucine, Garance, Megane et Sofia se confient à tour de rôle sur leur sexualité, leur rapport au corps et à la pilosité, leurs relations, avec les autres, la famille, les garçons, leurs rêves d’avenir et l’image qu’elles se font du bonheur. Intimes et impudiques, leurs propos sont comme des confidences criées à la face du monde.
Peu à peu, les personnalités se dessinent. Il y a Sofia la kaïd qui veut qu’on la craigne pour oublier ses propres peurs. Capucine qui aiment les filles mais qui ne veut pas qu’on la traite de lesbienne, et voudrait être juste être elle-même. Justine la trichotillomane qui se cache sous son bonnet même en bikini.
Megane la charmeuse bienveillante qui joue à la grande sœur. Garance la bimbo fleur bleue qui revendique le droit de l’être.
De fil en aiguille ces cinq jeunes filles nous interpellent : être la femme que la société attend de nous est-ce s’abandonner soi-même? Doit-on détruire le mythe de la femme parfaite et être son exact contraire pour pouvoir vraiment exister? Mais alors, quel statut social nous reste-t-il et à quelle place peut-on prétendre? A se concentrer sur soi, ne risque-t-on pas de s’isoler du monde?
Brouillant volontairement les codes et les genres, Marie Mahé mélange musique classique et hip-hop, peinture académique, avec le Patrocle de David, et graffitis sauvages, hommes et femmes, douceur et violence, pudeur et provocation.
Les comédiennes et le comédien brisent régulièrement le quatrième mur pour interpeller le public et lui tendre un miroir qui se veut déformant. Il y a de l’enfance encore dans ces regards, du doute dans chaque affirmation trop péremptoire et une volonté de déranger affirmée qui ressemble un peu à de la provocation adolescente.
"Viril(e.s)" est sans conteste une pièce de jeunesse, avec son souffle, sa verve et sa véhémence assumée. Un mariage intéressant de sensibilité virile. |