Certains dimanches la pluie tombe à Paris, inlassablement.
Derrière les carreaux les nuages gris défilent, le café chaud se consume dans la tasse, le regard se perd des heures durant sur le temps qui passe, on scrute les briques mouillées.
Le téléphone sonne et l'on ne l'entend pas, perdu dans nos pensées dominicales, bercé par une musique irréelle et abstraite.
Cette bnde-son du dimanche, cela pourrait bien être celle de Saycet, révélation du CQFD des Inrocks.
Résumer c'est réduire, comme on dit souvent. Et résumer Saycet, jeune pousse parisienne, à l'une des révélations d'un radio crochet lancé par un magazine, ne serait hélas que desservir un album aux mille facettes.
Un premier album placé sous le signe du rêve, ascendant poésie. Soit 9 instrumentales explorant une à une la palette de l'imaginaire. Une musique de solitude autant que de médiation, piochant allégrement dans les meilleures références du genre.
De "Chromatic Birds", ses plages atmosphériques très Boards of Canada, à "Maud takes the train", qui rappelle le travail effectué récemment par Depth Affect sur Arche Lymb. Des claviers à la réverb' infinie sur fond de beatbox séquentielles, et pourtant humaines. Comme dans un film sans images, ou l'inverse peut-être… Ecouter "Don't cry little girl" rend l'auditeur nostalgique et sensible. C'est bien. Saycet transpire l'émotion sans jamais sentir mauvais. L'exercice difficile de l'expression via l'instrumental est ici réussi. Plus onirique que M83, et plus mélancolique que Air, l'ambiance de One day at home émeut sans laisser triste, l'auditeur se balade le long de comptines enfantines ("Dinofly") et innocentes.
Les références de Saycet ne le sont justement pas, innocentes et citer Danny Elfman (collaborateur associé aux B.O. de Tim Burton depuis de nombreux films) s'avère hautement judicieux. Du mélodica teinté de voix d'enfants, un frêle piano dans le lointain, et des cliquetis bidouillés ça et là…Les compositions de Saycet pourraient d'ores et déjà figurer au crédit de nombreux films - imaginaires ou réels - sans aucune difficulté. Comme dans "Laisse tes mains sur tes hanches" de Chantal Lauby, B.O. à laquelle Saycet a déjà collaboré.
Loin des accords mal barrés et des mèches qui tombent, Saycet ouvre la voie à une autre musique parisienne. Où tout ne serait que luxe calme et volupté, pour la faire facile. Une façon d'imaginer ses dimanches autrement, à travers la fenêtre.
Une musique sans parole, qui trouverait les bons mots. |