Monologue dramatique d'après le récit éponyme de Maria Pourchain interprété par Florence Le Corre dans une mise en scène de Mickaël Délis.

En l'occurrence, en sus des projections sexées liées au sexe de l'enfant, le matriligne et le primat féminin dans le cercle familial, les enjeux de la transmission mère-fille et le profil de l'anti-mère.

Simultanément et sous les auspices du mantra beauvoirien du "devenir femme", il retrace un itinéraire de vie, dresse le portrait d'une jeune femme révoltée en quête d'amour et d'émancipation pour mettre fin au processus naturel d'identification à la mère, en l'espèce toxique, et relate son combat pour sa construction identitaire et l'accomplissement harmonieux de la triade fille/femme/mère.

Ou comment vivre, survivre et se construire sous l'emprise d'une mère incapable de relation affective avec son enfant-fille et qui ne pratique même pas la pathogène double contrainte paradoxale mais uniquement l'injonction destructrice qui passe par la contrainte du corps et le principe de soumission.

La partition s'affranchit de la linéarité chronologique en y substituant, à partir d'une situation au présent liée à un accouchement qui, au demeurant, témoigne des incuries hospitalières et du comportement entre infantilisation et dictature du sachant du personnel, une construction kaléidoscopique composée de soliloques, questionnement et séquences polyphoniques.

Sous la direction de Mickaël Délis, elle est dispensée en adresse au public par Florence Le Corre qui réalise une ébouriffante prestation et non seulement par la maîtrise du texte et du jeu pour sa réussie transmission.

En effet, elle ressort au solo performatif en raison de la scénographie plasticienne Vincent Blot consistant en l'assemblage à la Dan Flavin de tubes lumineux dont la combinaison évolutive est assurée à vue par la comédienne.

Singulière et aboutie, une proposition aussi éclairante que roborative.