Anticipant les grandes manifestations qui, dans le cadre de la Célébration Picasso en 2023, marquera le 50ème anniversaire de la disparition du peintre espagnol Pablo Picasso, le Musée de Montmartre présente l'exposition "Fernande Olivier et Pablo Picasso - Dans l'intimité du Bateau -Lavoir".
Les commissaires Nathalie Bondil, directrice du musée et expositions de l’Institut du Monde Arabe, et Saskia Ooms, responsable de la conservation du musée précité, l'ont conçu autour de la personnalité de Fernande Olivier qui pendant sept années fut le modèle et la compagne du jeune Pablo Picasso lors de son arrivée à Paris.
Et ce à partir de son journal et et de ses écrits publiés sous les titres de "Picasso et ses amis" et "Souvenirs intimes" ce qui concourt à une monstration d'autant plus passionnante car polymorphe, ne se concentrant pas sur l'oeuvre de celui considéré comme le génie de la peinture du 20ème siècle, et surtout narrative.
Dans le sillage de La Belle Fernande
En effet, et nonobstant le parcours chrono-thématique composé d'une sélection de peintures et sculptures, d'oeuvres graphiques et de documents photographiques et vidéographiques, et de nombreux manuscrits, éditions et correspondances originales elle dévide plusieurs histoires qui s'entremêlent en ce temps de la Belle Epoque.
Celles des lieux, le quartier de Montmartre et le Bateau-Lavoir, et celles des vies, des débuts des artistes des avant-gardes et celle de la femme Fernande Olivier qui, après des épisodes personnels douloureux, s'y installe en femme libre et exerce la profession de modèle professionnel sous le pseudonyme de Fernande Olivier.

Ainsi le visiteur est invité à une immersion dans le quartier de la Butte tel qu'il a été immortalisé dans les lithographies de Kees Van Dongen pour illustrer le recueil de souvenirs, témoignages et chroniques du romancier et journaliste Roland Dorgelès paru sous le titre "Au Beau Temps de la Butte". 
Van Dongen, une des figures, avec entre autres Braque, Derain Derain ("Portrait du père de l'artiste"), Marie Laurencin ("Portrait d'Apolliniare", "Autoportrait", "Portrait de Max Jacob"), Le Douanier Rousseau ("L’Enfant à la poupée"), Matisse ("Liseuse en robe violette") et Suzanne Valadon ("Autoportrait"), du microcosme artistique installé dans une ancienne manufacture de pianos transformé en chambre-ateliers pour artistes cosmopolites.

Et compagnons de bohème de Picasso ainsi que ceux de son "cercle espagnol" composé de ses compagnons barcelonais tels Joachim Sunyer, Ramon Pichott ("Scène de cabaret") et Carlos Casagemas ("Casa de cites") et Ricard Canals ("Une loge à la tauromachie"). 
Pour Pablo à Montmartre avant qu'il ne quitte la Butte et Fernande et ne devienne Picasso, l'exposition scande son évolution plastique des périodes bleu et rose au cubisme analytique en passant par le proto-cubisme dont Fernande est le véhicule et notamment avec la section intitulée "Alchimies autour d’un visage".
Avec le portait pictural de Fernande ("Buste de femme - étude pour Les Demoiselles d’Avignon" ) retenue pour l'affiche et notablement en statuaire avec les têtes de femme de celles de 1906 à celle très connue de 1909 qui marque la schématisation progressive avec la prédominance des volumes affranchis des traits réalistes qui annonce le cubisme analytique avec la toile "Femme assise dans un fauteuil".

Le Bateau-Lavoir est aussi un monde de femmes, modèles, compagnes d'artistes et parfois artistes elles-mêmes comme Suzanne Valadon ("Nu assis sur un canapé") et Fernande Olivier portraiturée par Van Dongen.

Fernande Olivier qui s'essaie à la peinture et consigne ses souvenirs et réflexions quotidiennes. La boucle est bouclée.

Et, pour évoquer les violences sexuelles et conjugales subies par Fernande Olivier avant sa lutte émancipatoire, les commissaires ont invité l'artiste contemporaine Agnès Thurnauer qui présente des oeuvres de sa série inédite "In Abstracto" sur le thème de la violence envers les femmes.

En préambule à la visite, à écouter la conférence "Fernande Olivier, la muse de Picasso" dispensée par la commissaire Saskia Ooms dans le cadre de l'événement "24 heures Picasso" en 2021 au Musée Picasso-Paris. |