Dans les années 1980, les très zélés services de nettoyage d'alors de la capitale traquaient la moindre apposition rebelle sur les murs parisiens.
En 2022, la Ville de Paris présente, en accès gratuit sur réservation, l'exposition "Capitale(s)" pour rendre compte d'un panorama du Street Art francisé en art urbain ayant acquis ses lettres de noblesse en étant adoubés tant par les marchands d'art que les institutions muséales.
Sous-titrée "60 ans d'art urbain à Paris", elle regroupe un nombre conséquent d'oeuvres sélectionnées par le commissariat composé de la galeriste Magda Dabysz, Elise Herszkowicz, organisatrice d'expositions, Nicolas Laugero Lasserre, notamment directeur du centre d'art urbain Fluctuart sis dans une péniche en quai de Seine, et l'artiste graffeur Marko93.
Aux murs les artistes !
La monstration ressort à la rétrospective de ce courant artistique initié non par des vandales mais des artistes d'atelier émergents formés aux beaux-arts ou aux arts plastiques qui se sont manifestés en marge des circuits officiels non seulement pour contrecarrer leur absence de visibilité dans les frileux lieux culturels institutionnalisés mais également en utilisant le mur comme véhicule démocratique de l'art.
Et ce mouvement s'avère essentiellement polymorphe avec des artistes singuliers aux univers, styles et pratiques diverses mais dont le dénominateur commun est la filiation avec la contre-culture et l'ancrage critique dans la société contemporaine.
Ainsi, avec les précurseurs des années 1960-1970 dont Jacques Villeglé avec son détournement des affiches lacérées et Gérard Zlotykamien et ses ombres éphémères.

Ils précèdent la vague des années 1980 avec des représentants pour la plupart d'obédience Figuration libre et devenus emblématiques tels les VLP à l’esprit punk-rock et leur Zuman "qui va sur les murs pour ne pas aller droit dans le mur", Jay One surnommé le Black Picasso et Blek le rat qui a donné son heure de gloire au muridé.
Et aussi Jef Aérosol et son homme qui s'accroche et celui motus bouche cousue, Jérôme Mesnager et son "Homme nu" à la silhouette blanche calquées sur celle du mannequin articulé en bois à l'allure, Jean Faucheur l'explorateur des techniques, le serial graffeur et DJ des arts graphqiues Speedy Graphito et Miss Tic, la chasseresse de postures et d'impostures qui s'affiche à coup d'aphorismes bien sentis.

Ensuite, vient la déferlante des décennies ultérieures et le visiteur pourra en prendre la mesure en circulant dans un véritable layrinthe artistique.
Avec, et entre autres, Swoon et ses figures inspirées du théâtre d'ombre indonésien et Vhisl le sculpteur de murs

Rero et ses messages barrés, Dran et ses personnages cartoonesques et les fresques d'O'Clock

Le travail sur le trait et la couleur de Tanc, celui sur la calligraphie et le lettrisme de L'Atlas et les portraits africains en négatif d'Yseult YZ Digan

A ne pas rater l'alphabet socio-politique de Villeglé composé en 2022.
L'exposition propose également une expérience immersive avec trois oeuvres virtuelles à découvrir au terme d'une chasse aux indices via QR codes, et des dispositifs ludiques pour s'essayer à la gestuelle du graffiti avec le dispositif Graffiti Digital Picturae et à sa calligraphie du graffiti respectivement conçu parl'artiste plasticien Cristobal Diaz. |