Spectacle conçu et mis en scène par Angélica Liddell, avec Ezekiel Chibo, Patrice Le Rouzic, Angélica Liddell, Borja López, Gumersindo Puche et Palestina de los Reyes.
Dès ses premières créations au début des années 1990, l'auteure, comédienne et metteuse en scène espagnole Angélica Liddell a affirmé et posé sa doxa relatives à ses enjeux théâtraux et ses tropismes formels.
Et elle n'y déroge pas dans son dernier opus en date "Liebestod el olor a sangre no se me quita de los ojos Juan Belmonte - L'odeur du sang ne me quitte pas des yeux - Histoire(s) du théâtre III" résumé en "Liebestod".
Après avoir tué le père et la mère dans le diptyque 'Una costella sobre la mesa"), il faut tuer l'homme-dieu-animal, symbole des pulsions de vie et de mort érotisées, et donner le coup de grâce à la fille unique cinquantenaire sans descendance, celle décrite comme une putain de vieille qui n'a pas su se faire aimer ce qui explique sa présence sur scène pour compenser une réalité pathétique.
Celle d'Angélica de Dios confrontée aux déconvenues résultant de rêves et de désirs inassouvis, dont celui de l'amour de la nature de celui des amants des mythes et légendes, en l'espèce celui de Tristan et Yseult avec l'opéra de Richard Wagner auquel est emprunté le titre de l'air final.
Le spectacle à la dramaturgie étique se déroule dans un décor minimaliste d'arène au chromatisme de camaieu orangé et sur une bande-son combinant musique sacrée, musée opératique avec l'opéra précité et Wagner chanson de variétés avec une chanson d'un groupe hispanique vintage.
Placé sous les égides majeurs du poète Arthur Rimbaud, du philosophe Emil Cioran et du concepteur théâtre de la cruauté Antonin Artaud, et nonobstant l'intervention ponctuelle de cinq figures masculines, il ressort à la performance individuelle, auto-centrée et cathartique.
Avec la symbolique mystique de micro-scènes d'inspiration biblique et surtout l'identification de sa conception du théâtre, exutoire de la douleur et la souffrance comme catharsis personnelle et sublimation d'une esthétique, avec celle de la tauromachie "artistique" pratiquée comme une ascèse spirituelle par Juan Belmonte, célèbre toréador des années 1960.
Suit la devenue traditionnelle - et attendue des spectateurs aficionados - furieuse profération logorrhéique entre confession douloureuse, auto-critique publique et constat d'un échec personnel et puis, en miroir, une provocation trash vomitive contre la société contemporaine française, le monde du théâtre et "le public de merde qui de toute façon ne comprend pas son travail".
Et le public applaudit. |