Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Georges Feydeau, adaptation et mise en scène de Philippe Person, avec Philippe Calvario, Jil Caplan, Florence Le Corre (en alternance Aurélie Treilhou, Philippe Maymat, Philippe Person et Pascal Thoreau. Depuis son mitonnage aux petits oignons par Georges Feydeau dans son opus "Le Dindon", le célèbre volatile a été cuisiné à toutes les sauces et n'en demeure pas moins cultissime et fédérateur comme gage de divertissement.
Coiffant la toque de maître-queux, Philippe Person le plume allègrement afin de l'expurger du pittoresque anecdotique lié à l'ancrage dans les moeurs bourgeoises de la Belle Epoque et lui rabat les abattis pour concocter une adaptation resserrée pour six interprètes.
Sur le thème aussi inoxydable qu'intemporel de l'adultère, l'argument s'articule autour de la jolie et vertueuse Lucienne qui n'envisage de céder à l'offre de ses courtisans que dans le cadre d'une mesure de rétorsion conjugale si lui est apportée la preuve de l'infidélité de son mari.
Ce qui, outre l'insoutenable suspense quant à l'identité du dindon, se décline en une suite de quiproquos et une folle nuit dans la fameuse chambre 39 de l’Hôtel Ultimus sur le mode "cours près moi que je t'attrape" des protagonistes.
A la mise en scène, Philippe Person procède à une recontextualisation dans l'atmosphère joyeuse et acidulée des seventies avec quelques intermèdes musicaux ad hoc, et opte pour le registre burlesque faisant la part belle à la partition pour acteur.
Egalement sur scène dans la livrée d'un imperturbable valet, il est entouré de comédiens aguerris qui, comme lui, prennent plaisir au jeu et au surjeu pour délivrer de savoureuses compositions.
Philippe Maymat en grotesque mari coureur de jupons, Pascal Thoreau truculent en célibataire noceur comme en pragmatique mari anglo-marseillais, et Philippe Calvario savoureux en conjoint sans tempérament composent une belle brochette masculine joyeusement épinglée.
Et à laquelle la gent féminine tient la dragée haute avec Jill Caplan irrésistible dans la composition de la figure de l'épouse entre la furie psychorigide et la délurée, et Florence Le Corre délicieuse dans le rôle de la mi-coquette mi effarouchée Lucienne.
Divertissement assuré avec ce festival de l'infidélité sans conséquence autre que le plaisir d'en rire. |