Bon, inutile de revenir pour la énième fois sur le fait que de plus en plus, les jeunes groupes ressortent les sons et les attitudes de nos jeunes années. On passera rapidement sur le phénomène pré pubère rock parisien pour se pencher du côté des (à peine plus âgés) Asyl.
Nous avions il y a une petite année été séduit par leur premier EP mais surtout par une prestation scénique plutôt agréable en première partie des Warlocks. On se souvient de ce jeune chanteur aux attitudes très 80's (voire même fin 70's) d'une certaine scène anglaise et on ne pouvait que comparer à un fameux Ian Curtis toutes proportions gardées.
En résumé, ce fut un bon concert, fait de poses autant que de spontanéités, de titres très réussi et de maladresses mais en tout cas un de ces concerts qui marquent et qui donnent envie de voir ce qui va se passer à l'avenir.
L'avenir c'est donc l'album dont il est question ici intitulé Petits cauchemars entre amis (et précédé par un autre EP contenant notamment une reprise ("Génération vaincue") d'un obscur mais talentueux groupe bordelais des années 80 nommé Strychnine).
Petits cauchemars entre amis est un album qui d'ailleurs pourrait avoir été écrit dans ces années-là. Tout y est. Le son très post punk/pré new wave, faussement crasseux, les textes partagés entre rebellions sociales et mal de vivre (parfois le tout en une seule chanson comme "James Dean").
Le chanteur, quant à lui, s'en donne à coeur joie et chante, éructe, scande des textes dans lesquels il est question de sexe, de drogue et ... de rock'n roll. On pourrait parfois croire à une parodie de Trust. On pourrait espérer un clone français de Interpol.
Mais Asyl n'est finalement rien de tout cela. C'est un groupe français qui fait de son mieux la musique qu'il aime (et qui pour l'essentiel n'était plus à la mode alors qu'ils n'étaient peut-être même pas nés).
Ce premier album de Asyl est parfois maladroit, souvent caricatural, pas toujours pertinent mais pourtant il arrive à faire mouche. "Minuit 10" par exemple et sa construction à la manière des comptines pour enfants ("1,2, 3 nous irons au bois, 4,5,6" etc) est assez réussi.
"Zeppelin", découvert en live perd ici un peu de son côté hypnotique qui lui va si bien sur scène mais s'en sort assez bien. "Je sais tout de vous" ou "Music hole" réussissent aussi à interpeller l'auditeur tandis que "James Dean" laisse plus indifférent et n'est peut-être pas stratégiquement bien placé en début de disque.
Au final, Petits cauchemars entre amis se laisse écouter sympathiquement et si possible seul pour éviter les remarques désobligeantes de vos amis jaloux qui ne manqueront pas de reconnaître ça et là des influences par trop évidentes. Mais cet album d'Asyl est aussi un disque sur lequel on peut facilement piocher des titres individuellement, et quelques uns pourraient bien se retrouver, mine de rien sur quelques compils estivales (Rock and Folk n'a d'ailleurs pas attendu si longtemps et propose déjà un titre sur la compil de printemps).
Quoiqu'il en soit, Asyl fait partie de ces groupes qui illustrent par l'exemple la faible distance qui sépare la France du Royaume (du rock) Uni en osant plaquer des textes français sur une musique résolument d'outre-Manche. |