Ce qu’il y a de génial avec les éditions Playlist Society, c’est leur capacité à nous publier régulièrement des ouvrages variés et intéressants, dans des collections différentes qui nous apportent de nombreuses connaissances sur des artistes dans différents domaines. Au gré de mes lectures de leurs publications, j’ai eu la chance de découvrir de nombreuses choses et c’est particulièrement le cas ici avec cet ouvrage issu de la collection "Face b" portant sur Patricia Mazuy.
J’avais déjà eu l’occasion de découvrir cette collection, qui repose sur des entretiens, avec des ouvrages portant sur Laurent Cantet et Lucas Belvaux. Ici, c’est à une cinéaste bien particulière qu’il s’attaque avec Patricia Mazuy.
Patricia Mazuy est une cinéaste singulière dans le paysage cinématographique français. Après un parcours atypique, qui l’amène à devenir monteuse pour Agnès Varda, elle s’impose sur les écrans en 1989 avec Peaux de vaches, western rural, centré sur les motifs de la bascule et du déraillement.
Mélangeant les genres avec finesse, ses films, comme Saint-Cyr (2000) et Paul Sanchez est revenu ! (2018), offrent des personnages passionnés, ancrés dans un territoire, une classe sociale ou des paysages. Sauvages par nature, ils échappent aux conventions et suivent des trajectoires d’émancipation, tels des animaux cherchant à se libérer du joug de l’homme.
L’ouvrage est de nouveau construit autour d’un essai introductif d’un peu plus de 10 pages réalisées par Gabrielle Trujillo, qui dirige actuellement la cinémathèque de Grenoble. Il se poursuit ensuite par un entretien avec la cinéaste réalisé par Quentin Mével, auteur de plusieurs livres d’entretien avec des cinéastes et Séverine Rocaboy, directrice d’un cinéma et auteure d’un essai chez Playlist Society.
En lisant cet ouvrage, on en sort en se disant que Patricia Mazuy est assurément une des grandes réalisatrices françaises et on s’interroge sur son manque de notoriété grand public. Des fims comme Paul Sanchez est revenu aurait assurément mérité de rencontrer un plus grand succès tant il est un excellent film.
On perçoit au travers de cet ouvrage les difficultés rencontrées par la réalisatrice au cours de son travail que cela soit au niveau du financement de ses œuvres mais aussi pour tout ce qui concerne les aspects techniques de fabrication d’un long métrage. On y voit une réalisatrice faire preuve d’une terrible abnégation pour que ses projets puissent aboutir, toujours rencontrant un faible succès alors qu’elle nous propose toujours des films de grande qualité. Cela interroge vraiment sur le cinéma français, sur ce que recherchent les Français quand ils vont dans les salles obscures.
Patricia Mazuy, qui se dévoile évidemment au cours de cet entretien qui se dévore, avec toujours la même critique pouvant être adressée aux éditions Playlist Society (à savoir que leurs ouvrages sont toujours trop courts) nous montre aussi une propension à être souvent très drôle dans ce qu’elle nous raconte de son parcours.
Une fois encore la lecture de cet ouvrage, comme des autres ouvrages publiés chez Playlist Society, on a envie d’aller voir les films de Patricia Mazuy que l’on n’a pas encore vus, et notamment son dernier, Bowling Saturne, sorti récemment. |