Comédie burlesque de Nicole Genovese, mise en scène de Claude Vanessa, avec avec Solal Boloudnine, Sébastien Chassagne, Nicole Genovese, Francisco Mañalich, Nabila Mekkid, Maxence Tual et Angélique Zaini.
Après ses précédents spectacles en solo ou comédies en troupe qui procédaient par voie de l'humour et de l'iconoclastie au dynamitage de certains codes de l'art théâtral et de la culture populaire telle celle des séries télévisées, la comédienne-auteure Nicole Genovese présente "Le rêve et la plainte".
Dans sa note d'intention, elle annonce un opus, qualifié de conte bavard contemplatif avec une résonance pré-apocalyptique, se déroulant au 18ème siècle avec des personnages historiques s'adonnant à un papotage philsophico-métaphysico-existentiel sur le sens de la vie, la vanité de l’existence et la finitude humaine.
Ce qui annonce une partition ressortant au théâtre de conversation avec une immersion dans la sociabilité des élites et le plaisir de l'esprit partagé de cette époque mais, bien évidemment à entendre selon les tropismes de Nicole Genovese qui ne change pas son approche parodico-satirique et sa prédilection pour le décalage, le télescopage spatio-temporel et l'anachronisme déployés avec un humour à plusieurs degrés et une prédilection assumée pour le mauvais goût.
Ainsi, point de brillantes controverses entre figures du Siècle des Lumières mais de banales conversations de café du commerce de "vulgum pecus" usant du vocabulaire et du ton conversationnels contemporains et pour lesquels toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n'est pas fortuite.
Nicole Genovese propose donc un (et son) petit théâtre de la beaufitude qui, l'habit ne faisant pas le moine, n'est pas l'apanage du prolétariat, non exempt d'un second degré lié à son malicieux regard critique et sa plume aiguisée.
Et ce soutenu par la scénographie qu'elle a élaboré avec Pierre Daubigny, un dispositif scénique de théâtre de tréteaux avec un exotique encadrement en bambou et pour décor des toiles peintes inspirées de la peinture rococo et réalisées par la plasticienne Lùlù Zhang.
En jeu frontal et instillé des intermèdes musicaux originaux assurés par le violiste et compositeur Francisco Mañalich, le spectacle, dont la mise en scène à l'avenant est assurée par Claude Vanessa complice compagnon de route de Nicole Genovese, est dispensé par une belle brochette de comédiens, dont certains encostumés et emperruqués d'époque par Julie Dhomps et certains parlant "avé l'assent" du Sud ce qui ajoute à la loufoquerie de l'ensemble.
Nabila Mekkid, pétulante et irresistible moulin à paroles, et Maxence Tual, parfait en mollasson bas du front, campe le pseudo-couple royal qui, à l'occasion de l'inauguration de sa nouvelle cuisine, s'entretient avec ses proches tant aristocratiques avec Angélique Zaini, grâcieuse en évaporée, et Sébastien Chassagne, épatant en fat polémiste, que plébéiens avec Nicole Genovese et Solal Boloudnine en susceptibles et ombrageux bien campés.
Une savoureuse comédie burlesque sur le monde et les gens d'aujourd'hui. |