Tragi-comédie de Pierre Notte et Pauline Chagne, mise en scène par Jean-Charles Mouveaux, avec Pauline Chagne, Flore Lefebvre des Noëttes ou Chantal Trichet), Jimmy Brégy, Marie Nègre et le musicien Clément Walker-Viry.
Pour traiter de sa passion pour la chanteuse Barbara, la comédienne, musicienne et chanteuse Pauline Chagne a conçu un spectacle dont le titre "Moi aussi je suis Barbara" manifeste une similtude flagrante avec celui d'un opus de Pierre Notte.
Ce qui s'explique par sa volonté, indique-t-elle, d'"imaginer ce spectacle avec les mots de Pierre Notte" tels qu'employés dans sa partition "Moi aussi je suis Catherine Deneuve" dont elle a obtenu l'aval pour en livrer une version personnelle.
Il en décline la thématique, celle des névroses familiales, et le registre, celui de la tragi-comédie mêlant biodrame et cabaret musical, articulé en l'espèce, autour de la figure de la longue dame brune de la chanson française.
Dans une cellule familiale qui mérite bien son nom tant elle s'avère étouffante, pour évacuer leur malaise existentiel, leur détresse psychologique tout en évitant la décompensation psychotique et l'incommunicabilité, à chacun son échappatoire.
Ainsi la fuite pour le fils mutique qui fait une brève réapparition, l'automutilation pour une fille, l'identification avec la chanteuse Barbara pour l'autre et le ressassement victimaire pour l'anti-mère.
Dans un décor sommaire de cuisine vintage des années 1950 avec mobilier en formica, Jean-Charles Mouveaux assure la mise en scène de l'opus instillé d'intermèdes avec notamment de "verbatims" et de chansons de Barbara avec l'accompagnement au piano de Clément Walker-Viry, dont celles emblématiques ("L’aigle noir", "Ma plus belle histoire d’amour" et "Vienne").
Il transcende le tragique et le pathétique du quotidien ressortant au "kitchen sink realism" en combinant le farcesque et le burlesque poussés jusqu'à la limite de la théâtralité magistralement portés par les officiants.
Ainsi Jimmy Brégy en effaré autistitique, Marie Nègre, émouvante dans l'évocation quasi-poétique de la scarification comme moyen d'expression de l'indicible ressenti, et la magnifique faconde de Flore Lefebvre des Noëttes fait sensation et merveille pour camper une anti-mère dépassée et dévastée.
Et, dans le rôle principal, Pauline Chagne dispense une époustouflante composition de Barbara "drama queen". |