Comédie policière immersive de Jean-Patrick Gauthier et Frédéric Texier, mise en scène de Jean-Patrick Gauthier, avec Benoît Hamon, Marion Jadot, Stephanette Martelet, Charlie Petit Boris Ravaine, Julien Roullé-Neuville, Nathalie Remy et Eric Wolfer.
Comédie policière immersive de Jean-Patrick Gauthier et Frédéric Texier, mise en scène de Jean-Patrick Gauthier, avec Benoît Hamon, Marion Jadot, Stephanette Martelet, Charlie Petit, Boris Ravaine, Julien Roullé-Neuville, Nathalie Remy et Eric Wolfer.
On souhaite que, pour beaucoup de spectateurs, "Haute Couture", écrit et mis en scène par Jean-Patrick Gauthier et coécrit par Frédéric Texier, soit une première en matière de "Théâtre en immersion". Car, indéniablement, c'est une réussite qui ne souffre pas beaucoup de contestation, à l'inverse de certaines tentatives précédentes.
D'abord, le thème prétexte est original : un jeune couturier, Henri Courtois (Benoît Hamon), prépare sa nouvelle collection. Avec sa modéliste, Suzanne Girard (Nathalie Rémy), Il s'affaire autour d'un mannequin, Camille Cendre (Marion Jadot). Une amie de celle-ci, Lise Fontenoy (Charlie Petit) l'accompagne. On ne peut pas dire qu'à quelques jours du défilé, l'ambiance qui entoure le jeune couturier soit sereine : la mort rôde autour de lui et depuis toujours...
Située dans l'après-guerre, la pièce draine des personnages haut-en-couleur, tous marqués par cette fatalité, cette poisse typique des films en noir et blanc où ils évoluaient. Jules Terrenoire (Eric Wolfer) en sera un bel exemple. On aura donc des intrigues fortement entrelacées dans des passés douloureux, des haines fondées sur des faux-semblants, des retournements de situation qui ne simplifient rien et un dénouement pas vraiment maîtrisé par le commissaire Gaston Lecorgne (Julien Roullé-Neuville) à la poursuite d'une vieille connaissance Jeff Pic (Boris Ravaine).
On se doute que les auteurs s'en sont donné à cœur joie pour construire un récit où s'accumulent et se sédimentent beaucoup d'éléments contradictoires. Qu'on ne s'attende pas à une simple partie de "Cluedo", même si l'hôtel Kergolay Langsdorff contient presque autant de pièces propices aux crimes et aux crises que le jeu.
Totalement dans le "jus" de l'époque, ce lieu rend cette "murder party" très crédible. On félicitera les scénographes pour tous les détails placés dans chaque recoin de cet hôtel particulier et dont certains sont gorgés de références d'époque. Ainsi dans la chambre de Béatrice Lartigue (Stéphanette Martelet), on découvrira une bonne dizaine de photos encadrées de l'homme qu'elle a aimé et qui a les traits de Louis Jourdan...
La grande prouesse des auteurs de "Haute couture" tient au fait que les actions se passent vraiment en même temps. Contrairement à d'autres où les spectateurs, répartis en plusieurs sous-groupes, voient successivement toutes les scènes, on est là obligé de choisir ce qu'on veut voir. Il y aura des scènes qui ne seront vus que par quelques spectateurs plus curieux que d'autres, comme celle qui se déroule dans la cave où repose un cadavre, et qui, à cause de l'exiguïté de l'endroit, ne pourra être suivie que par trois ou quatre personnes.
Le principe de base de "Haute Couture" est qu'on peut se promener où on veut dans les trois étages ouverts, déambuler au gré de ses envies, suivre un acteur qui se déplace, etc... On peut même imaginer un spectateur qui resterait tout le spectacle dans une même pièce, au risque de s'y trouver enfermé... puisque la seule contrainte est qu'une fois que le protagoniste ferme la porte, on ne peut plus rentrer... ou sortir.
On assistera donc à des scènes incongrues : suivant une discussion dans une pièce, un spectateur collera en même temps son oreille dans la pièce fermée d'à-côté où aura lieu une explication houleuse avec des voix fortes qu'on peut entendre l'oreille collée à la port... On aura aussi d'autres spectateurs en perpétuel mouvement, ce qui rendra leur séjour à l'Hôtel Kergolay assez sportif.
Mais, quelle que soit la manière choisie de participer à "Haute Couture", on est sûr qu'on ne ratera pas l'essentiel de l'intrigue. Ce qui est un exploit d'écriture puisqu'il pourra y a voir jusqu'à cinq ou six actions parallèles entre les huit personnages. Un acteur pourra aussi monologuer, seul dans une chambre ou un bureau pendant que la majorité d'entre eux sera sur un autre terrain d'opération.
On les félicitera tous pour être constamment sur des charbons ardents, ne devant jamais relâcher leur attention. Certains amateurs de romans policiers prendront des notes pendant qu'on imaginera des émules de Georges Perec recenser toutes les combinaisons de scènes possibles...
Bref, on n'exagèrera pas en parlant de théâtre ludique où l'on pourra échanger avec les autres participants (mais pas avec les acteurs, avec qui tout contact est interdit). On sera aussi surpris des réactions de ses voisins, quand, coincés ensemble dans une pièce où un acteur brandit un couteau ou un revolver, on en verra quelques-uns littéralement pris de panique, comme s'ils assistaient à une véritable agression...
En relatant ces faits, qui sont loin d'être exhaustifs, on conviendra que le théâtre en immersion a de beaux jours devant lui et que d'autres variantes sont envisageables. Pour l'heure, une visite à la maison de couture d'Henri Courtois s'impose avant fermeture à cause de certains événements s'y étant déroulés récemment... |