Ephémère comète en raison d'une disparition prématurée, peintre, sculpteur, musicien et judoka, Yves Klein (1928-1962) a marqué son temps avec ses monochromes, sa prédilection pour un bleu et des performances tant personnelles de celui qui se qualifiait avec humour de "peintre de l'espace" que celles picturales pour la réalisation de ses "Anthropométries".
Et surtout par la dimension spirituelle de l'acte artistique en quête de transcendance et son concept d'oeuvre immatérielle qui a fait sensation avec l'exposition de 1958 sous-titrée "Le Vide".
En 2022, en collaboration avec Les Archives Klein, l'Hôtel de Caumont présente une exposition conçue par Cecilia Braschi, docteure en histoire de l’art, et responsable des expositions de l’Hôtel de Caumont et Denys Riout, historien de l’art, qui présente la particularité inédite d'une approche sous l'angle de l'intime.

Yves Klein au-delà du bleu
Et ce avec une éclectique sélection d'oeuvres, tant celles emblématiques que celles plus "confidentielles" en terme de résonance publique, appuyée de documents d'archives et d'objets issus de son fonds d’atelier et de conséquents cartels tant informatifs que didactiques, déployée en un parcours à la superbe scénographie par Hubert le Gall scandé de reproductions photographiques.
Et elle met l'accent sur sa conception de l'art inscrite dans la mouvance maintream des années 1960, celle de "repenser l'art" notamment soutenue par le Nouveau Réalisme, mouvement auquel il est affilié, avec, incluant entre autres l'utilisation de substituts aux instruments traditionnels de l'artiste et le dépassement des couleurs.
Ainsi Yves Klein utilise les outils du peintre en bâtiment, tels le rouleau pour ses monochromes et l'éponge qui sera érigée en sculpture anthropomorphique ("Sculpture-Eponge") symbole de l’imprégnation du spectateur par la vision de loeuvre d'art, voire le lance-flammes, pour ("Monochrome bleu troué par le feu" - Peintures de feu").

Et plus singulièrement le corps humain, celui de ses modèles non comme modèle figuratif mais comme outil performatif pour la réalisation de ses "Anthropométries" dont la série "Suaires" sur le mode de l'empreinte christique.

S'agissant de la couleur, rythmée par la prédilection pour le bleu, un bleu lumineux qui sera breveté IKB (International Klein Blue) et utilisé pour ses fameux monochromes à la manière des avant-gardes du début du 20ème siècle, la monstration s'ouvre sur l'installation "Pluie bleue" avec des tiges suspendues au dessus d'un plateau bleu faisant office de cimaise.

Le visiteur pourra constater que le bleu entendu par Yves Klein comme véhicule transcendantal de "la révolution bleue" permettant l'accès au monde invisible ressort à un tropisme chromatique trinitaire avec le rose ("Monochrome rose" - "Fourmillement rose") et l'or ("Monogolds").
Ce tropisme syncrétique inclut une trinité mystique, celle de la Sainte Trinité chrétienne et de la symbolique rosicrucienne de l'unité de Dieu et celle alchimique soleil-eau-sang, au demeurant support des concepts d’imprégnation, d’illumination de la matière et d’incarnation prônés par l'artiste.

L'exposition comprend également une section dédiée aux amitiés et collaborations d'Yves Kkein ainsi avec le "Store poème", un immense cadavre exquis composé avec le peintre plasticien Arman, le dessinateur Claude Pascal et le critique d'art Pierre Restany.

En préambule à la visite
:
en vidéo :
la conférence "L'épopée monochrome d'Yves Klein" par Denys Riout
la visite "Yves Klein, le maître du bleu"
par Hélène Guenin, directrice du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice, de la salle Yves Klein
une antropométrie performance
au Festival de Cannes 1961 extrait du documentaire "Yves Klein, la révolution bleue" de
François Lévy-Kuentz
en diaporama :
"Yves Klein, l'infini du bleu" aux Carrières de Lumières
en 2020
"Yves Klein - Les éléments et les couleurs" au Domaine des Étangs
à Massignac en 2020
"Le Ciel comme atelier - Yves Klein et ses contemporains" au Centre Pompidou-Metz en 2020
"Yves Klein, des cris bleus…" au Musée Soulages en 2019
et en vidéo
"Yves Klein : Corps, couleur, immatériel" au Centre Pompidou en 2006
et
toutes les expositions monographiques recensées sur le site d'Yves Klein |