Spectacle conçu par Joséphine Chaffin, mise en scène de Clément Carabédian et Joséphine Chaffin, avec Clément Carabédian, Joséphine Chaffin et Louis Dulac.
Dans un opus théâtral qualifié de "spectacle-palimpseste", Joséphine Chaffin procède à une recension de la convergence des luttes néo-féministes, progressistes, déconstructivistes, wokistes et inclusives.
Et ce non à la manière de la virulente profération activiste mais en optant pour un procédé plus tempéré qui permet néanmoins une approche incisive des revendications féministes contemporaines liées à l'invisibilisation des femmes artistes, la valorisation du matrimoine, la dénonciation du patriarcat, la répartition genrée des rôles et la refondation du rapport amoureux.
Celui d'une émission façon docte France Culture sur le thème de la création au féminin dans le cadre d'une relation de couple d'artistes à fins, indique-t-elle dans sa note d'intention, de "célébrer le tandem et son potentiel révolutionnaire, dans un esprit féministe joyeux, inclusif et intergénérationnel".
Elaborée sur le mode docufictionnel, la partition intitulée "Tandem, radio imaginaire" combine théâtre, avec un texte soigneusement peaufiné, musique et documents d'archives, pour dresser une typologie des comportements masculins via le prisme de l'union amoureuse "pour le meilleur et pour le pire qui se décline également dans le cadre de l'exercice d'une profession commune.
Ainsi, sont diffusés des extraits d'interviews ou de propos de couples mythiques, au demeurant historiquement datés car pour la quasi-totalité nés au 20ème siècle avant 1950, tels Jane Birkin/Serge Gainsbourg, voire même au 19ème avec George Sand et son trio Sandeau-Chopin-Musset et au 17ème avec l'évocation de la peintre Artemisia Gentileschi.
En effet miroir, Joséphine Chaffin a conçu l'interview fictionnel de figures exclusivement masculines ayant réellement existé qui se révèlent archétypales pour illustrer différentes réalités, de la complicité à la rivalité, du duel d'egos à l'admiration, de la collaboration à la fusion.
Sur scène, conjointement orchestré de manière résolument dynamique et ludique par les deux officiants, et avec la participation du malicieux créateur de son Louis Dulac dans le rôle du technicien, le spectacle use donc des codes de l'enregistrement public avec un décor de studio de radio. Joséphine Chaffin campe efficacement la prosélyte animatrice-productrice avec une envoûtante - et convaincante - douce voix entre celles des ondes nocturnes telle une Macha Béranger non fumeuse et celle d'une pseudo-clinicienne pratiquant la psychothérapie suggestive.
Clément Carabédian prend en charge la composition aussi hilarante que confondante des artistes masculins épinglés et résolument inscrite dans un jeu théâtral parodique voire caricatural pour incarner, et entre autres, le machiste avec Gustav Mahler, le torturé et possessif Marcel Camus, le combatif centurion Richard Burton et le pragmatique en-chanté Jacques Demy. Un sans faute aussi délirant que jubilatoire.
Aboutie et rondement menée dans un adéquat format court, d'une heure, la proposition s'avère aussi ancrée dans certains tropismes du temps que divertissante. Et cerise sur le gâteau, est annoncé un deuxième volet consacré aux duos d'artistes aux identités de sexe et de genre plurielles. |