Que nous réserve le 50e festival de la bande dessinée d’Angoulême ?
50 ans déjà que le FIBD rassemble à Angoulême les amoureux de la bande dessinée dans toute sa diversité. On pourrait s’attendre à une grande célébration patrimoniale ou une exposition rétrospective à l’occasion de cette édition, qui aura lieu du 26 au 29 janvier 2023 : que nenni. L’équipe organisatrice annonce vouloir donner le coup d’envoi d’une nouvelle ère, et se tourner vers l’avenir et la jeunesse. Pour preuve, une place croissante consacrée au manga, avec un Manga City ambitieux, et un nouveau Quartier Jeunesse sur plus de 1500 m².
La sélection officielle affirme son virage vers une sélection d’albums "indés", parfois même expérimentaux, avec de jeunes auteurs, de la diversité géographique, de la mixité de genre, et une présence de plus en plus anecdotique des grandes maisons d’édition. Le plus étonnant (mais pas forcément le plus marquant) est peut-être La couleur des choses de Martin Panchaud, récit construit sur un principe schématique où les personnages sont des cercles colorés placés sur une carte. La revanche des bibliothécaires de Tom Gauld réjouira les afficionados du New Yorker et les professionnels de l’édition.
Parmi les albums méritant un sérieux coup d’œil, on peut citer Naphtaline, récit en partie autobiographique dans lequel Sole Otero, autrice argentine installée en France, explore l’histoire de sa lignée féminine. EDEN de Sophie Guerrive, cinquième volume des aventures de l’ours Tulipe, offre une dérive philosophique à la rencontre du paradis véritable. Difficile aussi de ne pas se laisser séduire par Ils Brûlent, une histoire de Dark Fantasy aussi terrible que grâcieuse servie par le trait économe et vif d’Aniss El Hamouri.
Quant au Grand Prix, quel(le) que soit le lauréat ou la lauréate qui sera annoncé(e) à l’ouverture du festival, le mercredi 25 janvier prochain, ce sera dans tous les cas la prime à l’intime. Entre la figure de proue de la bande dessinée queer Alison Bechdel, Catherine Meurisse, première autrice de bande dessinée membre de l'Académie des beaux-arts, et Riad Sattouf qui a déjà remporté deux Fauves d’or du meilleur album, les artistes en lice ont tout trois pratiqué avec bonheur le récit autobiographique.
Sur place, il n’y aura certes pas d’exposition de Bastien Vivès, mais il y aura une grande rétrospective dédiée à la québecoise Julie Doucet, Grand Prix du Festival 2022, qui promet d’être intéressante au vu de la diversité de techniques utilisées par l’artiste, du collage au bois gravé. De très délectables choses seront aussi à voir du côté de l’exposition consacrée à Philippe Druillet, co-fondateur de Métal Hurlant et des Humanoïdes associés. Très bonne nouvelle aussi : la programmation d’une exposition dédiée aux couleurs dans la bande dessinée, une occasion d’enfin mettre en lumière l’importance du travail des coloristes, artistes trop souvent oublié(e)s. En célébration du 50ème anniversaire du festival, une partie des expositions présentées à Angoulême seront également visibles dans des gares un peu partout en France.
Mais ne l’oublions pas, le FIBD, c’est aussi le prix de la BD alternative – un bon moyen de découvrir ce qui se bricole partout dans le monde –, des rencontres, l’exposition jeunes talents, et une foule de fantaisies parallèles… |