Réalisé par Ramzi Ben Sliman. France. Comédie dramatique. 1h35 (Sortie 25 janvier 2023). Avec Oumy Bruni Garrel, Maïwenn, Aïssa Maiga, Steve Tientcheu, Cédric Kahn, Nathalie Richard, Marilyne Canto et Micha Lescot.

Elle s'appelle Neneh Fanta Gnaore, a les cheveux comme jadis Angela Davis, les dents du bonheur, habite la banlieue avec deux parents aimants, dont un papa prêt à tout lui céder.

Ah... Elle a une passion : la danse. Pour elle, jeune-ado à la langue pas dans la poche, vivre c'est danser. Et, attention, si elle ne dédaigne pas le hip hop, elle aime surtout la danse classique et ne rêve que d'une chose devenir petit rat.

Evidemment, la diversité n'est pas le fort de l'Opéra. Ceux qui, il y a longtemps jadis, ont lu les romans d'Odette Joyeux moult fois adaptés à la télé, n'ont jamais vu de Neneh Fanta Gnaore parmi les Delphine et les Hortense en tutu blanc...

Ce sera le cas ici. Car tout change... Malgré l'avis de la chorégraphe chargée des études des nouvelles entrantes, Marianne Bellage (Maïwenn), Neneh franchit le cercle de verre. Finie la touffe de cheveux, bonjour le chignon bien serré, finis les jeans et la junk food (enfin, un peu...), il va lui falloir faire beaucoup d'efforts pour s'adapter, surtout avec les embûches que lui tendront ses "gentilles" petites camarades.

Voilà donc une réponse française à "Billy Elliott". "Neneh Superstar" de Ramzi Ben Sliman est un "feel good movie" où les choses sont dites sans être assénées. On y montre la complexité des préjugés et le racisme sous-jacent dans toutes les pores de la société française.

A l'heure où certains fantasmes un imaginaire remplacement, grand ou petit, il est amusant de raconter comment l'arrivée d'une seule personne issue de la diversité bouscule tous ceux qui depuis toujours vivaient dans l'entre-soi.

Sans exagérer la portée de la leçon de "Neneh Superstar" qui est une œuvre charmante, sympathique et qui devrait plaire aux 8-15 ans, on y découvrira des situations qui justifient les théories de Pierre Bourdieu.

Ainsi, l'attitude haineuse de la chorégraphe vis-à-vis de Neneh ne s'appuie nullement sur des raisons artistiques invoquant qu'il n'y a pas de cygne noir dans le Lac. Quand, par l'intermédiaire de Neneh d'ailleurs, on apprendra son "lourd" secret, on aura reçu un petit cours de sociologie appliqué, qui pourra être généralisé à toutes les institutions prestigieuses où il ne fait pas bon être né hors du moule...

Si on veut aller plus loin, nonobstant le fait que Oumy Bruni Garrel soit vraiment craquante, danse et joue très bien, on se demandera si, quand on n'a pas la peau blanche, il ne faut pas avoir un grand oncle ex-président de la République et des parents très célèbres, pour pouvoir devenir l'héroïne d'un film où l'on est une banlieusarde de 14 ans confrontée à autre chose que la dure loi des cités,...

Mais fi de la sociologie, "Neneh Superstar" de Ramzi Ben Sliman est un film à voir. Sans doute, y aura-t-il une suite aux aventures de Neneh au pays des Repettos. On l'attend avec impatience.