Texte théâtral de William Pellier, mise en scène de Jacques Vincey, avec Alexandra Blajovici, Garance Degos, Marie Depoorter, Cécile Feuillet, Romain Gy, Hugo Kuchel, Tamara Lipszyc et Nans Mérieux.
"La Grammaire des Mammifères" de William Pellier ne constitue pas une partition théâtrale et ne comporte ni personnages ni argument ou intrigue mais, entre assertions et proférations, une succession kaléidoscopique de fragments et de points de vue sur des sujets divers.
Le spectacle conçu par Jacques Vincey commence dans la quasi obscurité par une antienne polyphonique dispensée sur le ton qui préside aux séances d'hypnose exhortant au lâcher prise pour accéder à la béatitude et s'achève pleins feux en une oecuménique profération ressortant au prêche.
Dans l'intervalle, au demeurant fort long le spectacle voisinant avec les deux heures trente, se déploie un texte amphigourique et logorrhéique aux thèmes récurrents tels celui de la relation à l'autre et l'altérité, la représentation dans ses différentes déclinaisons sémantiques, la pénétration mentale ou physique avec une appétence pour le sexe fort curieusement prononcé de manière phonétique.
A la mise en scène, Jacques Vincey a transcendé la staticité de la partition essentiellement vocale en la mettant en scène comme une machine à jouer pour acteurs et, avec la collaboration de la comédienne et chanteuse Vanasay Khamphommala et du chorégraphe Thomas Lebrun, par le recours à une dramaturgie gestuelle démonstrative.
Dans la scénographie de Mathieu Lorry-Dupuy, une toile peinte panoramique style jungle/ tropical en fond de scène et sur le plateau des bancs de théâtre aux sièges rouges, il dirige huit jeunes comédiens de l’ensemble artistique du Théâtre Olympia Centre dramatique national de Tours dont il assure la direction.
Alexandra Blajovici, Garance Degos, Marie Depoorter, Cécile Feuillet, Romain Gy, ugo Kuchel, Tamara Lipszyc et Nans Mérieux assurent pleinement l'exercice avec une belle synergie et un plaisir de jouer manifeste révélateurs tant de talent que de tempérament.
Pour l'auteur, sa finalité sciprturale tient à "provoquer un état chez le spectateur" pour proposer "une promenade en barque où il n’y a pas de rames et on ne sait pas où on va".
Pour Jacques Vincey, le texte constitue "un manifeste des temps présents, un poème incandescent et une critique vivifiante de nos conditionnements sociaux, affectifs et sexuels" et "un brûlot esthétique - et politique - flamboyant".
Au public d'apprécier. |