Comédie dramatique conçue et mise en scène par Sandrine Lanno d'après untexte de Sonia Chiambretto, avec Lola Blanchard, Evelyne Didi et Paola Valentin.

Dans le spectacle de Sonia Chambretto mis en scène et adapté par Sandrine Lanno, les trois femmes incarnent trois générations différentes d'adolescentes en difficulté et parlent de la manière dont la société s'est occupée d'elles.

La plus ancienne, jouée par Evelyne Didi a justement été confiée au Bon Pasteur, institution religieuse où, c'est le moins qu'on puisse dire, régnait une discipline de fer.

Ses partenaires, Lola Blanchard et Paola Valentin, évoquent des régimes plus "doux" mais néanmoins pas particulièrement indulgents pour des filles souvent plus victimes que coupables, ayant par exemple subi des violences physiques ou sexuelles de la part des personnes étant légalement responsables de leur petite enfance.

Sur scène, une espèce de cage grillagée est censée représenter les chambres dans lesquelles les filles "résidaient" dans les institutions chargées de leur éducation ou, en termes moins civils, de leur "rééducation". Les trois actrices, toujours ensembles, expriment leurs ressentiments par rapport aux traitements subis et font preuve d'une grande conviction dans leurs révoltes contre la manière dont elles ont été traitées.

Si l'on n'a pas vu le documentaire d'Emerance Dubas ou lu quelques articles sur le sort des "filles perdues" hier ou aujourd'hui, on demeure cependant un peu dans le flou. Souvent, on reproche aux spectacles contemporains de faire la part trop belle aux images vidéos. Sandrine Lanno, en n'y ayant pas recours, ne donne pas une idée précise du sort honteux que l'on faisait subir aux orphelines ou aux filles retirées à leur famille pour les protéger qui s'étaient enfuies, par exemple, de leurs familles d'accueil.

On reste devant des descriptions qui manquent de consistance et d'authenticité et l'on finit par se lasser de discussions n'allant pas au fond des choses, des moments trop elliptiques pour un sujet qui aurait mérité, au contraire, un traitement plus réaliste, voire vraiment documentaire. On se demande pourquoi, au lieu de cela, on a confié à Bénédicte Villain des ponctuations musicales.

C'est, on le répète, dommage, car le trio d'actrices, qui s'entend à merveille, aurait pu permettre de faire comprendre que le traitement du problème des filles retirées de la vie "normale" n'était pas une histoire close, qu'on n'avait pas réellement progressé sur le sujet depuis la fermeture des institutions tenues par les " bonnes sœurs".

"Mauvaises filles !" mériterait d'être complété par une analyse moins théorique et des récits plus réalistes sur le sort des jeunes filles dites en danger.