Une pièce de Frédéric Sonntag mise en scène par Tudual Gallic avec Kevin Abgrall, Léa Darmon-Raphoz, Lucas Berger, Béatrice Paquet, Claire Tabard.
Frédéric Sonntag a écrit la pièce en 2012.
En reprenant le personnage de George Kaplan (La Mort aux Trousses d’Alfred Hitchcock), il interroge la
question de l’identité. Son nom court, de bouches à oreilles, mais personne ne l'a jamais croisé. Comme
une allégorie du complot, de sa représentation humaine.
Trois versions différentes du concept complotiste : son élaboration, sa diffusion, son application.
Qui sont tous ces George Kaplan, individus agissant dans l’ombre et unis par une même identité secrète ?
Réussiront-ils à renverser le système par leur démarche artistique ?
Comment vont-ils parvenir à faire consensus ?
La pièce se découpe en trois actes, qui présentent trois groupes d’individus se heurtant aux difficultés de l’engagement collectif.
Tour à tour activistes déterminés, scénaristes chargés d’élaborer une série géopolitique, ou membres d’un gouvernement invisible faisant face à un danger imminent qui les dépasse... Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Quel est leur lien ?
Qu'est-ce qui rend une théorie du complot efficace, donc redoutable ? La qualité du café ?
Trois versions différentes ou peut-être la même, vue au travers de trois prismes.
Trois actes qui résument l'essence de la pièce, trois visions du complot avec pour point central, ce nom : George Kaplan, l'inconnu personnifié.
Ce nom mystérieux est-il le seul point commun entre ces trois actes ? Peut-être pas... Des passerelles sont dressées entres ces différentes scènes, ce qui complexifie l'histoire et lui donne sa profondeur.
D'ailleurs, en y regardant bien, les personnages incarnés par les cinq comédiens sont-ils si différents d'un
acte à l'autre ? On y retrouve, quelque soit le contexte, la femme psycho-rigide qui s'attache aux détails, le
chef auto-proclamé, l'intello de service, l’irascible, le faux joyeux, vrai dépressif.
Les environnements ont beau changer, les décors s’élaborer au fil des actes comme les façons de faire le
café, les mêmes traits de la nature humaine refont immanquablement surface.
George Kaplan est finalement l’essence même du secret, sa personnification, celui qui révèle aux autres
nos pires travers.
La mise en scène de Tudual Gallic semble suivre les pulsations de ces George faisant corpus : en
cohérence ou en distension, les tensions du groupe s’illustrent par un rythme qui semble parfois à l’arrêt,
parfois accéléré, toujours parfaitement maîtrisé.
Les personnages s’invectivent, se jaugent, se défient, chacun est singulier par ses défauts et ses
incohérences, et la multitude de ces George Kaplan semblent faire partie d’un balai parfaitement
orchestré.
En trois actes, les cinq comédiens nous offrent une palette de personnages aussi engagés
qu’intransigeants, aussi obtus qu’utopistes... Terriblement humains en somme !
Leur jeu est ciselé et nous transporte aux confins du complotisme et de la paranoïa.
Le pressentiment d’un irréversible bouleversement pourrait devenir réalité !
Au sortir de la pièce, on en est à se demander lequel de ces George Kaplan nous est le plus proche !
La pièce se joue jusqu’au 31 mars 2023 au théâtre de Belleville.
|