Le Musée national Picasso-Paris présente l'exposition "Célébration Picasso, la collection prend des couleurs !" organisée dans le cadre l'événement Célébration Picasso qu'il a initié pour le cinquantième anniversaire du décès de Pablo Picasso.
Et ce avec un florilège des chefs d'oeuvre de sa collection,
une collection unique de cinq mille œuvres et du fonds des archives personnelles de l’artiste,
Elle a été conçue sous le commissariat de Cécile Debray et Joanne Snrech, respectivement présidente et conservatrice du musée, et, à fin de "lecture plus contemporaine" pour souligner "le caractère toujours actuel du travail de Picasso", sa direction artistique a été confiée au designer britannique Paul Smith notamment réputé pour son esthétique de la combinatoire des motifs et des couleurs.
Picasso en mode néo-pop kitsch
La visite se déploie en un parcours chrono-thématique mis en espace par la designer muséographe Sylvie Jodar selon les choix scénographiques Paul Smith qui, selon sa note d'intention, visent à "une approche plus spontanée, qui relève davantage de l’instinct" et repose en grande partie sur des associations visuelles et intuitives" pour proposer au visiteur
"une expérience plus visuelle".

Ainsi relooke-t-il le musée dont toutes les cimaises blanches des salles d'exposition des deux étages ont donc colorisées ainsi que les combles investis à cette occasion même si certaines demeurent de facture classique telle celle "Biomorphisme" dédiée à la recherche plastique de formes des années 1930. 
Paul Smith a procédé selon deux modalités. D'une part, une couleur en adéquation chromatique avec la tonalité dominante des oeuvres sélectionnées. le rose girly pour la période rose autour des Demoiselles d'Avignon

le rouge pour le thème "Tauromachie", le vert pour la suite de variations autour du tableau "Le déjeuner sur l'herbe" d'Edouard Manet et le bleu profond pour la salle "Mélancolie bleue" consacrée aux oeuvres de la période bleue de Picasso.

D'autre part, le motif, par répétition d'un motif de la toile comme celui du costume d'arlequin de la toile "Paulo en arlequin" dans la salle "En scène !"

ou, dans la section "Rayures", le graphisme picassien usant des stries et bandes dans les années 1930
la rayure que Paul Smith reprend sous forme des rayures multicolores façon bayadère, qui constitue le tropisme majeur de son univers créatif, pour accompagner les toiles de la dernière période picassienne. 
et, par analogie avec la composition picturale "Assemblages et Collages" sur le mode du patchwork façon lés de papier peint.

Et des clins d'oeil avec l'humour so british dont la première salle donne le ton avec la selle de vélo customisée de Paul Smith dialoguant avec la selle et le guidon transformée en "Tête de taureau" par Picasso ainsi avec le mur d'assiettes pour la production de céramiques à Vallauris. 
A noter l'insertion d’œuvres d’artistes contemporains internationaux pour une mise en résonance en termes de postérité plastique
tel un opus de la série "Resist" relative aux mouvements de défense des droits civiques des années 1960 aux États-Unis mis en regard de la toile "Pichet et squelette" dans la salle sur le thème de la guerre.
et dans la section "La marinière de Picasso" avec son dais de marinières en clin d'oeil à la tenue de Picasso dans les photos devenues cultes de la série "Les pains de Picasso" de Robert Doisneau, celle du peintre congolais Chéri Samba ('Quel avenir pour notre art?').
Et, au delà de la mise en scène, un excellent panorama de l'oeuvre prolifique sur sept décennies du génie de l'Art moderne. |